Notion de précarité relative et épisodes d’alcoolisation chez des adolescents français et canadiens

De nombreuses études ont évalué la relation entre le milieu socio-économique familial et une forte consommation d'alcool à l'adolescence, avec des résultats mitigés

Alcool

De nombreuses études ont évalué la relation entre le milieu socio-économique familial et une forte consommation d’alcool à l’adolescence, avec des résultats mitigés. La théorie de la précarité relative est apparue dans le domaine de l’inégalité de la santé comme un point de vue alternatif à la notion de précarité absolue (ie. faible revenu du ménage ou faible niveau d’éducation des parents), suggérant que les comportements liés au stress, comme la consommation d’alcool, seraient liés à une distribution inégale des ressources au sein d’une société, en plus de la précarité individuelle. Etre carencé par rapport aux autres serait une source de stress et de frustration pour les jeunes qui adopteraient en conséquence des comportements à risque pour faire face à la situation. De ce point de vue, la position sociale de l’individu dans un groupe et l’ampleur de l’inégalité au sein de ce groupe seraient liées à une mauvaise santé, quel que soit le revenu absolu de l’individu.

Dans ce contexte, des chercheurs ont étudié l’association entre une précarité relative et des épisodes d’alcoolisation aiguë chez des adolescents. Les données de l’étude Health Behaviour in School-aged Children (HBSC) 2014 concernant les adolescents canadiens (n = 4276) et français (n = 1625) ont été utilisées.  Les élèves ont rapporté le nombre de fois où ils avaient été ivres. Le degré de précarité relative a été quantifié en fonction de la position de l’élève dans la distribution de la précarité au sein de son école, mesurée à l’aide d’une échelle, la Family Affluence Scale (FAS) et de l’ampleur de l’inégalité par rapport aux autres.

Au final, les adolescents canadiens étaient plus susceptibles d’avoir consommé de l’alcool plus d’une fois au cours de leur vie que les adolescents français (21,6 % vs 16,2 %). En France, un niveau de précarité relative bas était associé à plus d’épisodes d’ivresse alors qu’au Canada, on ne retrouvait pas d’association significative. Ces résultats ne corroborent pas l’hypothèse selon laquelle les adolescents avec un niveau de précarité relative plus important seraient plus susceptibles de rapporter un état d’ivresse. Au contraire, ils suggèrent que les interventions de santé publique sur la réduction de consommation d’alcool devraient cibler les adolescents de tout niveau socio-économique au Canada et plus particulièrement ceux avec un niveau plus élevé en France.

 

Par Louise Carton 

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