“On a juste décidé d’arrêter l’ivresse” : les abstèmes, ces joyeux hérétiques qui refusent de boire de l’alcool

Une petite communauté s’efforce de promouvoir l’inclusion des abstinents de l’alcool dans les lieux de fête et de restauration, en généralisant notamment l’offre de boissons de qualité et sans éthanol.

Alcool

«Allez quoi, lâche-toi, prends un petit verre, ça te fera pas de mal. » Que celui ou celle qui n’a jamais entendu cette phrase à son encontre nous jette la première pierre : refuser de boire de l’alcool, à plus forte raison dans un cadre joyeux, est toujours perçu comme un renoncement à la fête, un décalage rabat-joie. Ou bien la conséquence fâcheuse, pour les femmes, d’une contrainte exceptionnelle : « T’es enceinte ? » En dehors de ce scénario, les contrevenants à la biture, qu’ils soient abstinents de toujours ou buveurs repentis, se voient souvent traités comme des hérétiques. Une menace pour la société des piliers de bar, à éradiquer sur-le-champ après comparution immédiate au comptoir, qui porte un nom : les abstèmes.

À en croire leur présence sur les réseaux sociaux, ils seraient de plus en plus nombreux à se définir sous ce nom étrange, aux résonances poétiques. Les grands alcooliers, eux, les ont déjà repérés depuis longtemps. Affûtant leur offre en bière, en cocktails ou en spiritueux désalcoolisés, ils ont senti venir le vent du nolo (contraction de « no alcohol », sans alcool et « low alcohol », peu d’alcool) et de la hype pour la sobriété. Une tendance prégnante dans l’Angleterre du binge drinking, comme en Allemagne ou au Danemark, qui a fini par débarquer chez nous. Fait nouveau : en France, ces abstinents entendent s’affirmer au sein des lieux habituels de consommation d’alcool soit les restaurants, les bars, et les caves.

« J’ai arrêté de boire de l’alcool depuis deux ans, cinq mois, dix jours et quinze heures », s’étonne Gaëlle Raux, qui n’avait même pas fait le calcul avant qu’on l’y invite. Selon l’une de ces applis d’aide à l’abstinence, cette ex-restauratrice et sommelière, devenue abstème après des années à lever le coude dans le milieu du vin nature, peut aussi se féliciter d’avoir « refusé 3 821 verres de vin et économisé 7 642 euros ».

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