- Isabelle Falque-Pierrotin Présidente de l’Autorité Nationale des Jeux
- Amandine Luquiens Psychiatre et addictologue
- Matthieu Escande Avocat à la Cour d’appel de Paris, expert en paris sportifs
Selon le dernier rapport de l’Autorité nationale des jeux (ANJ), le Produit brut des Jeux (PBJ) du pari sportif en ligne affiche une croissance de 6,4 % par rapport à 2022. Un secteur « extrêmement dynamique » en « constante augmentation« , qui « correspond à la culture jeune« , explique Isabelle Falque-Pierrotin, présidente du régulateur du marché des jeux. Pourtant, l’étude annuelle fait état d’une réduction du nombre de parieurs. Ceux-ci « jouent plus » et présentent « des comportements excessifs » que les opérateurs doivent « identifier » afin d’y remédier, notamment depuis la mise en place de la stratégie d’accompagnement par l’ANJ en 2020.
Lutter contre l’addiction
Les pratiques des opérateurs, depuis « l’abandon du monopole de la Française des Jeux en 2010, génèrent de l’addiction », souligne Matthieu Escande, avocat en droit des jeux et paris sportifs. Les groupes, mis en concurrence, tentent d’attirer un maximum de joueurs, et développent chez eux des pathologies addictives. « Le jeu d’argent récompense le cerveau et provoque une perte de contrôle de la personne qui s’y expose« , décrit Amandine Luquiens, psychiatre et addictologue. En « faisant plaisir au cerveau, le jeu va motiver le joueur à reproduire ce comportement pour différents motifs. Un processus identique au trouble de l’usage de l’alcool ou du tabac. » Seulement, « si la loi Évin a été mise en place pour prévenir les comportements addictifs au tabac et à l’alcool« , les mesures de lutte sont « inexistantes pour les jeux de hasard et d’argent« .
Une accusation qui « n’est pas entièrement juste » selon Isabelle Falque-Pierrotin : « la régulation des paris sportifs en France est relativement inédite, affirme la présidente de l’ANJ. Le gouvernement a fait le choix d’une régulation stricte des paris. Nous avons beaucoup moins de possibilités en paris sportifs qu’à l’étranger, car nous avons choisi restreindre, par souci de lutter contre les manipulations sportives ». Seules « les compétitions d’un niveau important » sont autorisées, et « le type de pari est restreint : il n’est pas possible de parier sur les éléments négatifs (par exemple un carton jaune), à la différence du Royaume-Uni, pays le plus libéral en termes de paris sportifs. […] Sur la publicité, en revanche, la France est moins exigeante que d’autres pays.«
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