Pascale Kramer : que peut la famille face à l'addiction ?

Le merveilleux Romain se détruit par l'alcool. Parents, frères et sœurs tentent l'impossible pour le sauver. « Une famille » le raconte magnifiquement.

Alcool

Un jour, et même plusieurs fois par mois, voire par semaine, on voit dans la rue un type allongé sur des cartons jonchés de cadavres de bouteilles. Cet homme peut être un Romain, fils de famille bourgeoise bordelaise, tout pour lui, et rien pour parvenir à décrocher. Romain est le héros autour duquel se construit ou tente de ne pas se détruire, Une famille (Flammarion), nouveau roman de Pascale Kramer. Si ce n’était l’immense talent de son écriture, on pourrait reprocher à l’écrivaine suisse, grand prix de littérature en son pays, de traiter le plus souvent de sujets complètement déprimants ou du moins tragiques.

Mais voilà, Pascale Kramer, invitée de la Comédie du livre à Montpellier, et lundi à la Maison de la Poésie à Paris, met du baume sur toute sorte de plaies, et cette fois-ci avec encore plus de doigté, de légèreté que dans ses précédents livres. Une famille met en scène des Bordelais du meilleur cru, des gens bien, unis, aimants. Romain, quand il était petit, même un peu différent puisque issu du premier mariage de Danielle avec un homme aux accès mélancoliques, a grandi dans l’affection de sa mère exemplaire et de son beau-père, Olivier, qui lui donnèrent un frère, Édouard, et des sœurs, Lou et Mathilde, en admiration devant leur aîné si intelligent, sensible et affectueux. Et pourtant, l’adolescent est déjà somnolent d’ébriété, et la petite Lou qui continuait de jouer, l’air de rien, faisait montre « de ce stoïcisme d’enfant à pallier les insuffisances des autres ».