Potentiel addictif de la gabapentine et de la prégabaline : une revue systématique de European Neuropsychopharmacology

La gabapentine et la prégabaline sont des molécules indiquées dans le traitement de la douleur et de l’épilepsie, la prégabaline ayant également une AMM dans le trouble anxieux généralisé.

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La gabapentine et la prégabaline sont des molécules indiquées dans le traitement de la douleur et de l’épilepsie, la prégabaline ayant également une AMM dans le trouble anxieux généralisé. Ces deux molécules sont proches sur le plan pharmacologique, et regroupées sur le terme de gabapentinoïdes. Au cours des dix dernières années, la gabapentine et la prégabaline se sont vues largement dispensées et vendues au marché noir, exposant ainsi à de multiples effets indésirables. Entre-temps, plusieurs bases de données de pharmacovigilance ont alerté sur le potentiel d’abus et les risques d’overdose associés à la prise de gabapentinoïdes.

Afin d’évaluer plus précisément le risque d’addiction, les auteurs ont conduit une systématique revue sur Pubmed/Scopus et ont inclus 106 études.

Il n’a pas été retrouvé de preuves fortes d’un puissant pouvoir addictif des gabapentinoïdes, au regard de leurs propriétés renforçantes limitées, de cas marginaux de rechute et de très rares cas de symptômes de dépendance comportementale chez des patients n’ayant pas d’ autres antécédents d’abus (N=4). La prégabaline semblait un peu plus addictive que la gabapentine en ce qui concerne l’ampleur des symptômes de dépendance comportementale, le nombre de passage d’une prescription à une auto-administration et la durée de ces auto-administrations. La principale population à risque de dépendance aux gabapentinoïdes était celle de patients présentant d’autres troubles d’usage de substance (TUS) actuels ou passés, principalement les opioïdes et les sujets polyconsommateurs, avec une préférence pour la prégabaline. Les surdosages de gabapentinoïdes seules semblaient relativement peu nocifs, mais pouvaient devenir mortels (plus particulièrement pour la prégabaline par rapport à la  gabapentine) en association avec d’autres médicaments psychoactifs, notamment les opioïdes et les sédatifs.

Ainsi, le risque de dépendance à la gabapentine est plus faible que celui de la prégabaline et dépend de la population exposée. Chez les patients qui n’ont pas d’autres TUS actuels ou passés, le risque de développer une dépendance aux gabapentinoïdes est très faible. Chez ces patients « sans antécédents d’abus », les auteurs conseillent de prendre en charge le traitement par gabapentinoïdes de la même manière que pour les autres traitements. Chez les patients ayant des antécédents de TUS et en particulier chez les patients avec d’un trouble d’usage d’opioïdes, ils conseillent d’éviter les gabapentinoïdes (notamment la prégabaline) ou, s’ils sont indispensables, les administrer avec prudence en utilisant un suivi thérapeutique et une surveillance stricte des prescriptions.

Par Louise Carton

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