Pourquoi les jeunes se détournent de l’alcool ?

Même si les consommations « ponctuelles importantes » persistent, depuis plusieurs années, des études montrent une baisse durable de la consommation d’alcool chez les jeunes français. De là à parler de révolution culturelle ? Décryptage.

Alcool

Lorsque Champ lui demande de revenir sur « la première fois qu’il a bu », le personnage de BoJack balaie d’un revers de main la question : « Quand n’était-ce pas la première fois que j’ai bu ? » Les rires que l’on entend autour de lui n’émanent pas d’une bande de potes éméchés, mais d’un groupe d’anciens addicts désormais « sur la route de la sobriété ». Et si la séquence fait temporairement travailler les muscles zygomatiques de ses spectateurs, ce n’est que pour mieux souligner la gravité du sujet.

Cette scène de BoJack Horseman, série animée Netflix à succès en forme de portrait grinçant d’une ancienne star de télévision, s’inscrit dans un épisode (S06,E01) tout entier dédié à la délicate prise de conscience, par le protagoniste lui-même, de son addiction. Questions introspectives tournées en dérision, déni vis-à-vis d’un passé traumatique, vannes agressives envoyées à la figure de ses partenaires… « A Horse Walks into a Rehab » dépeint avec finesse les différents mécanismes de défense employés par BoJack pour éviter de se confronter à son trouble. Jusqu’à sa rédemption, qui se déroulera pas à pas au fil de la saison, grâce à plusieurs sessions thérapeutiques et aux conseils avisés du docteur Champ.

ShamelessEuphoriaMomFlaked… De fait, BoJack Horseman est loin d’être un cas isolé. Les séries contemporaines traitant frontalement des périls et des risques liés à la consommation d’alcool – et plus seulement de son effet euphorisant – se multiplient. Symbole parmi d’autres de ce changement de paradigme, même le récent sequel de Sex and the City tente de corriger le tir de sa glorification d’antan des boissons alcoolisées, en faisant de l’addiction de Miranda une intrigue de premier plan.

Signe que les temps changent ? De l’autre côté de l’écran, en tout cas, les chiffres montrent une baisse significative de la consommation d’alcool chez les jeunes générations occidentales. Notamment en France où de plus en plus d’adolescents assument haut et fort ne pas goûter aux plaisirs de la boisson. De là à parler de révolution culturelle, il n’y a qu’un pas que les commentateurs les plus téméraires ont déjà osé franchir. Mais quelle réalité recouvre vraiment ce phénomène ? Entre facteurs contextuels et transformations durables, comment expliquer cette chute ? Surtout, est-il réaliste d’envisager un avenir où les générations futures se passeraient totalement de l’alcool ?