ALCOOL / Boisson énergisante et alcool, un cocktail à risque… psychologique

Les personnes qui mélangent alcool et boissons énergisantes voient augmenter leur risque de blessures, par comparaison à celles buvant de l’alcool seul. Cette pratique est en effet associée à davantage d’accidents, davantage de bagarres, comme le conclut l’analyse parue au mois de mars dans la revue Journal of Studies on Alcohol and Drugs, portant sur un ensemble de 13 études à travers le monde.

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Les personnes qui mélangent alcool et boissons énergisantes voient augmenter leur risque de blessures, par comparaison à celles buvant de l’alcool seul. Cette pratique est en effet associée à davantage d’accidents, davantage de bagarres, comme le conclut l’analyse parue au mois de mars dans la revue Journal of Studies on Alcohol and Drugs, portant sur un ensemble de 13 études à travers le monde.

Ces boissons énergisantes, par exemple Red Bull, Monster ou Rockstar, contiennent des ingrédients considérés comme des stimulants, parmi lesquels la caféine ou le guarana. La réalité de leurs effets est cependant discutée depuis plusieurs années déjà.

Canettes de boissons énergétiques. Austin Kirk/Flickr, CC BY

L’expérience menée par notre équipe associant l’INSEAD (France), l’université de Colombie-Britannique (Canada) et l’université du Michigan (États-Unis), apporte des éléments nouveaux sur cette question. Dans un article à paraître dans Journal of Consumer Psychology, déjà disponible en ligne, nous montrons que l’image associée, dans l’esprit des consommateurs, à un mélange courant, celui de vodka et de Red Bull, peut en effet augmenter la sensation d’ébriété et engendrer des comportements à risque.

Cependant, nous suggérons, grâce à une méthodologie originale, que les effets de la boisson énergisante ne sont pas provoqués par sa composition. Ils tiendraient plutôt à des croyances que les consommateurs y rattachent – selon lesquelles la boisson énergisante augmenterait l’ivresse. Autrement dit, l’effet serait psychologique, et non pas physiologique.

Des mélanges consommés par un étudiant sur deux

À ce jour, de tels cocktails sont populaires dans un grand nombre de pays. Une étude menée auprès d’étudiants à Grenoble École de Management montre qu’en 2011, 54 % d’entre eux (64 % des garçons et 46 % des filles) en consommaient. Cette proportion atteindrait 73 % chez les étudiants américains et 85 % chez les étudiants italiens, selon une étude parue dans le British Medical Journal.

Comparés aux consommateurs qui boivent uniquement de l’alcool, ceux qui y ajoutent une boisson énergisante ont deux fois plus de risque d’être impliqués dans des agressions sexuelles et dans des accidents de la circulation, selon un article du JAMA. Dans l’étude française déjà mentionnée, la probabilité d’avoir des rapports sexuels non protégés est deux fois plus élevée parmi les étudiants qui mélangent alcool et boisson énergisante, comparés à ceux qui ne les mélangent pas.

Certains chercheurs en physiologie ont émis l’hypothèse d’une relation de cause à effet entre les ingrédients présents dans les cocktails et les comportements à risque. Selon eux, les boissons énergisantes, notamment en raison de leur teneur en caféine, masqueraient la perception de l’ivresse, si bien que des consommateurs de vodka Red Bull pourraient être en état d’ébriété sans même s’en rendre compte.

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