Boire un verre pour se faire accepter des collègues, prendre un somnifère avant une présentation stressante, fumer après la réunion tendue… De plus en plus de Français ont besoin de
drogues pour assurer au travail. Nicolas* est tombé dans l’addiction au
cannabis dès qu’il a commencé à travailler, à 16 ans, en tant qu’apprenti. « Les journées étaient très longues, je n’arrivais pas à dormir, mon supérieur était vraiment stressant, je suis passé d’un joint de temps en temps à plus de vingt par jour, confie cet internaute. Je fumais comme un pompier, j’étais défoncé H24. Quand je fumais, mon travail était mieux fait, je ne stressais pas, j’étais concentré et ordonné. »
Hausse et diversification des consommations
« Depuis cinq ou dix ans, on voit de plus en plus de patients qui consultent pour addiction en partie à cause de leur travail », confirme Laurent Karila, psychiatre spécialiste des addictions et coauteur de
Tous Addicts et après ? (Flammarion). En général, ils travaillent dans des jobs très prenants avec des exigences très fortes, quel que soit le milieu professionnel. Mais c’est leur fonctionnement personnel qui fait qu’ils vont consommer pour être plus performants au travail et ils présentent souvent une vulnérabilité préexistante. Côté produits, la cocaïne est assez commune et dès qu’il y a un gros stress, on retrouve beaucoup le cannabis et les tranquillisants. »
Les drogues deviennent des béquilles indispensables pour finir à temps, travailler de nuit ou tromper l’ennui quel que soit le métier. Un phénomène qui inquiète les autorités et les dirigeants d’entreprise.
Selon une enquête de la MILDECA, les conduites addictives interpellent plus de huit dirigeants et représentants syndicaux sur dix, même si elles restent taboues.
« La consommation de produits psychoactifs en lien avec le travail augmente et se diversifie : si l’alcool diminue, d’autres produits dont le cannabis se banalisent, synthétise Renaud Crespin, sociologue au CNRS et coauteur de
Se Doper pour travailler (Ed. Erès).