Le plan de prévention pour la santé présenté le 26 mars 2018 ? C’est évidemment en soi une excellente chose : pour le Premier Ministre, « une vraie politique de prévention permettrait de sauver 100 000 vies par an ». Mais il y a comme un hiatus entre la volonté exprimée et les mesures retenues. En particulier pour ces nouvelles épidémies industrielles que sont les addictions à l’alcool, au tabac, au cannabis et autres poly-consommations. Car s’agissant des addictions, il faut que les Français comprennent que l’État peut seul réguler la vente, la promotion et les comportements de consommation ; et qu’il est illusoire de demander aux producteurs/distributeurs ou aux dealers de pousser à la réduction de celle-ci.
On doit se féliciter du renforcement des mesures sur le tabac, avec l’augmentation notable du prix, seule manière de faire baisser la consommation. Saluons aussi le remboursement des moyens de sevrage comme n’importe quel médicament : le tabagisme étant désormais présenté comme une maladie qui se soigne. Pour le tabac, on constate donc la poursuite d’une volonté sur le long terme de prévention en santé publique et il faut s’en réjouir.
Aucune mesure pour faire baisser la consommation d’alcool
Mais au contraire, s’agissant de l’alcool, le plan prévention du gouvernement est totalement insuffisant. On le sentait venir, tant la loi Evin avait déjà été largement « détricotée » ; et comble de cynisme, c’étaient les lois de santé successives qui avaient déjà fait le travail : publicité possible sur le web et les réseaux sociaux depuis la loi HPST de Roselyne Bachelot, feu vert à l’information sur le produit sous prétexte d’œnotourisme, avec la loi de modernisation de la santé de Marisol Touraine. À chaque fois, le gouvernement a tordu le bras des Ministres de la Santé successives, comme il l’a fait aujourd’hui avec Agnès Buzyn.
Plan national de prévention : les 50 000 morts oubliés (pt de vue du Pr Michel Reynaud)
Si certaines mesures annoncées par le gouvernement vont dans la bonne direction, sur le tabac par exemple, on doit déplorer un manque de moyens sur le volet alcool. Le Pr Michel Reynaud fait partie des experts les plus critiques sur le plan prévention. Il y voit la confirmation, qu'une fois de plus, le lobby alcoolier a été le plus fort.
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