Qui sont les patients en demande de baclofène en France?

Depuis 2008, le baclofène constitue en France un phénomène assez particulier. Il a été, bien avant le Sélincro®, le premier traitement à être utilisé en réduction de consommation.

Alcool

baclofeneDepuis 2008, le baclofène constitue en France un phénomène assez particulier. Il a été, bien avant le Sélincro®, le premier traitement à être utilisé en réduction de consommation. De plus, il a fait l’objet d’une médiatisation importante, qui pu toucher des personnes n’ayant jamais discuté au préalable de leur problématique d’alcool avec un médecin. C’est en partie sur la base de cette hypothèse qu’avec Nicolas Simioni (CHRU de Lille, France), nous avons regardé quels étaient les patients qui avaient consulté au sein de deux centres d’addictologie de la région Hauts-de-France entre septembre 2012 et mars 2014, c.à.d. jusqu’à la RTU.

Les deux centres (Lille et Béthune) avaient une « consultation baclofène » spécifique, ce qui a permis de comparer les populations de « chercheurs de baclofène » et les patients « classiques ». Lors de la consultation initiale, les patients en demande de baclofène avaient une consommation d’alcool significativement plus importante que les patients contrôle. Ils venaient environ 15 plus souvent avec un objectif de réduction de consommation, et ils venaient en moyenne 6 à 7 fois plus souvent dans le cadre d’une démarche spontanée (non orienté par un médecin). Ils étaient 8 à 9 fois plus souvent en démarche spontanée et sans antécédent de prise en charge addictologique. Malgré ces différences, sur l’année qui suivaient le début de prise en charge, les patients en demande de baclofène étaient 3,5 fois plus nombreux encore en soins à 6 mois, et 2 fois plus nombreux à 12 mois.

Probablement du fait de sa grande médiatisation à l’époque, et de la promesse de consommation contrôlée qui lui est associée, le baclofène a pu attirer un profil de patients nouveau, n’ayant jamais préalablement consulté en addictologie au préalable. Ce constat justifie l’extension de options de traitement aux stratégies de réduction de consommation. Les résultats de l’étude soulèvent également le rôle des médias dans l’accès aux soins des patients, dans les rares occasions où ils s’intéressent aux problèmes d’alcool et à leur traitement. Quoi qu’on en pense, le baclofène a pu être l’une de ces rares occasions. On espère qu’il aura l’occasion de le rester.

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