Alors que plusieurs candidats à l’élection présidentielle se sont prononcés en faveur de la légalisation du cannabis, la question plus large de la politique à mener en matière de conduites addictives – qu’il s’agisse d’usage d’alcool, de tabac, de drogues qualifiées de « dures » ou encore d’addictions sans produit – reste encore largement absente ou traitée superficiellement. Pourtant, l’enjeu en termes de santé publique ne peut plus être ignoré.
Un coût annuel de 249 milliards pour la société
La consommation de drogues, licites et illicites, est à l’origine, chaque année en France, de près de 130 000 décès prématurés (79 000 liés au tabac, 49 000 à l’alcool et 1 600 aux drogues illicites). Le tabac, avec 13 millions de fumeurs quotidiens dont 30 % des adolescents, est ainsi la première cause de mortalité évitable, l’alcool étant la seconde. Si la consommation moyenne d’alcool baisse depuis 50 ans, on observe une augmentation préoccupante des ivresses alcooliques chez les jeunes (au moins 3 par an pour 30 % des 18-25 ans).
Cette hécatombe a un coût pour la société estimé à près de 249 milliards d’euros par an – dont 122 milliards pour le tabac et 118 milliards pour l’alcool – répartis entre la prise en charge des soins, le coût de la prévention et de la répression, la perte de production pour les entreprises et les administrations (arrêts maladies, accidents du travail) ou encore la valeur des vies humaines perdues (1).