Prévenir les addictions

Les activités de prévention comportent plusieurs approches selon, notamment, leurs objectifs.

L’organisation classique de la prévention (primaire, secondaire, tertiaire) laisse la place à des modèles centrés sur l’éducation pour la santé et la participation active de la personne. Elle comprend :

La prévention universelle, promotion et éducation pour la santé, concerne les interventions destinées à la population générale ou à des groupes, quel que soit leur état de santé;

La prévention sélective s’adresse à des sujets, ou sous-groupe d’individus, particulièrement exposés et ayant un risque significativement plus élevé que la moyenne;

La prévention ciblée concerne les interventions destinées à des individus qui ont des facteurs de risque supplémentaires ou des signes d’appel, dans le but d’améliorer le suivi des traitements, réduire les conséquences et des dommages de la maladie ; c’est notamment l’éducation thérapeutique du patient, inscrite dans la loi. Le caractère « premier » de l’action de prévention est mis en valeur.

Les actions et les outils de prévention mettent particulièrement l’accent sur :

  • le développement des compétences psychosociales que sont la capacité d’une personne à répondre avec efficacité aux exigences de la vie quotidienne. Il s’agit de l’aptitude à maintenir un état de bien être en adoptant un comportement approprié et positif à l’occasion des relations entretenues avec les autres, sa propre culture et son environnement.
  • L’empowerment : processus d’action des individus et des groupes pour gagner la maîtrise de leurs vies et donc pour acquérir un plus grand contrôle sur les décisions et les actions affectant leur santé dans un contexte de changement de leur environnement. Leur estime de soi est renforcée, leur sens critique, leur capacité de prise de décision et leur capacité d’action sont favorisées. Même des personnes avec peu de capacités ou en situation de précarité sont considérées comme disposant de forces et de ressources. Les processus d’empowerment ne peuvent pas être produits, seulement favorisés.
  • La santé communautaire : quand les membres d’une collectivité géographique ou sociale réfléchissent en commun sur leurs problèmes de santé, expriment leurs besoins prioritaires et participent activement à la mise en place, au déroulement et à l’évaluation des activités les plus aptes à répondre à ces priorités. La santé communautaire ne peut donc pas se faire sans les usagers.
  • La prévention par les pairs : approche qui repose sur le fait qu’à certains moments de la vie, particulièrement dans la jeunesse, l’influence des pairs est plus grande que d’autres voies d’influence.
  • L’intervention précoce : a pour objectif de raccourcir le délai entre les premiers symptômes et l’accompagnement adapté; elle est à l’interface de la prévention et de l’accès aux soins. Elle concerne spécifiquement les personnes exposées aux risques ou présentant des dommages. Les interventions permettent à la fois une dimension préventive comme une entrée anticipée dans les soins. L’intervention précoce s’appuie sur les compétences propres de chacun, favorise la motivation et l’auto changement. Pour les plus vulnérables, l’intervention précoce s’attachera particulièrement à aller vers les populations, à s’inscrire dans le prendre soin,  et constituer ainsi une authentique mesure de réduction des inégalités sociales de santé.

Les addictions en milieu professionnel

Le Plan Santé au travail 2016 – 2020 est structuré autour de trois axes stratégiques :

  • Axe stratégique 1 – donner la priorité à la prévention primaire et développer la culture de prévention,
  • Axe stratégique 2 – améliorer la qualité de vie au travail, levier de santé, de maintien en emploi des travailleurs et de performance économique et sociale de l’entreprise ;
  • Axe « support » transversal : renforcer le dialogue social et les ressources de la politique de prévention, en structurant un système d’acteurs, notamment en direction des TPE-PME.

La prévention des pratiques addictives en milieu professionnel est l’une des actions de l’axe stratégique 2. Elle se décline en quatre objectifs opérationnels :

Améliorer la connaissance, qualitative et quantitative, des pratiques addictives en milieu professionnel et de leurs conséquences en s’appuyant notamment sur les services de santé au travail.

Mieux former les acteurs de la prévention, et en particulier les personnels des services de santé au travail, au repérage et à la prévention des pratiques addictives, notamment en déployant la formation au repérage précoce et à l’analyse des situations de travail susceptibles de favoriser des pratiques addictives, et en informant sur les ressources disponibles pour l’accompagnement et la prise en charge des personnes.

Promouvoir le débat entre acteurs de l’entreprise sur les pratiques addictives en milieu professionnel, encourager la concertation sur les mesures de prévention dans le cadre du dialogue social et diffuser auprès des employeurs et des CHSCT des bonnes pratiques en matière de prévention collective, incluant des mesures d’organisation du travail.

Encourager les démarches d’appropriation collective des enjeux entre préventeurs sur les territoires en réalisant des diagnostics locaux afin de prioriser l’action.