Thibaut Fleury, directeur général d’Efficience Santé au Travail nous éclaire sur l’alcool en entreprise, sujet sensible, d’autant plus pendant la période des fêtes de fin d’année.
La prévention de la consommation d’alcool en entreprise, quelques actions concrètes ?
En tant que service de prévention et santé au travail, nous accompagnons l’entreprise sur tous les risques professionnels, l’addiction en fait partie. Nous optimisons avec Addict’AIDE Pro la sensibilisation en amont afin que nos équipes en interne (médecins, infirmiers, assistantes sociales, préventeurs…) puissent mieux appréhender cette problématique. Des webinaires informent nos adhérents (20 000 entreprises en Ile-de-France). Notre site web propose du contenu gratuit ouvert à tous.
Les entreprises vous sollicitent-elles pour des problématiques d’alcool ?
Oui, et souvent malheureusement de façon tardive quand les situations sont critiques. On nous demande de prendre en charge des collaborateurs qui sont déjà en grande difficulté avec l’alcool. Notre médecin du travail échange avec l’entreprise pour apporter des solutions dans un cadre de maintien en emploi. On note une gêne des divers acteurs, pas assez préparés. Si la situation est détectée en amont par les collègues ou le manager, la problématique n’est presque jamais abordée. Les préjugès persistent et l’addiction peut s’installer bien avant les situations critiques. Il faut changer les représentations, via un travail majeur de sensibilisation.
La consommation d’alcool, questionnée en consultation ?
Oui ! Mais souvent, elle n’est pas assez explorée pour permettre une meilleure prise en charge. Les professionnels de santé ne sont pas toujours à l’aise avec cette problématique. Même au cœur du dispositif de prévention, il y a encore des évolutions nécessaires pour que les professionnels soient mieux préparés. C’est d’ailleurs aussi une des raisons de notre partenariat avec Addict’AIDE Pro !
Vos événements sont-ils sans alcool ? Des réactions ?
Lors de nos séminaires ou événements festifs, les voeux notamment, l’alcool est banni ! Plusieurs réactions : une minorité nous reproche l’absence d’alcool et voit un automatisme entre événement convivial et alcool. Mais la majorité apprécie les cocktails sans alcool proposés et ose à présent s’approcher du bar ; c’est un constat d’inclusion. La convivialité est possible sans alcool. L’entreprise ne devrait pas être un lieu additionnel d’exposition à ce risque. Je recommande aux entreprises d’être exemplaires sur le sujet lors des pots en entreprises. Il y a pour elles une responsabilité à long terme, mais aussi immédiate. S’il arrive quelque chose à un collaborateur alcoolisé suite à un pot, les conséquences seront pour la personne et aussi pour l’entreprise.