Quelle est la place de l’empathie dans le trouble d’usage de substances ?

A partir de recherches réalisées dans la littérature biomédicale et celle des sciences sociales, des auteurs ont cherché à déterminer ce qui est connu de l'empathie et des manifestations psychopathologiques d'un défaut sévère d'empathie dans l'initiation, le développement et le maintien de la consommation de substances psychoactives.

Alcool

Éclaircir le rôle des processus empathiques dans le développement des troubles d’usage de substance pourrait avoir d’importantes répercussions en terme de prévention.  A partir de recherches réalisées dans la littérature biomédicale et celle des sciences sociales, des auteurs ont cherché à déterminer ce qui est connu de l’empathie et des manifestations psychopathologiques d’un défaut sévère d’empathie dans l’initiation, le développement et le maintien de la consommation de substances psychoactives.

Trente-sept études ont ainsi été identifiées. Les auteurs ont retrouvé que les sujets adultes avec un trouble d’usage d’alcool et/ou de stimulants présentaient des altérations de l’empathie cognitive et affective, mesurées sur le plan comportemental, neuro-anatomique et par auto-déclaration. Ils n’ont pas retrouvé d’études développementales conçues spécifiquement pour tester le rôle de l’empathie dans la consommation d’alcool et d’autres drogues, mais plusieurs études incluant des mesures de l’empathie ont suggéré que l’empathie pourrait être protectrice. Les études évaluant les défauts sévères d’empathie étaient mitigées concernant un rôle unique de l’empathie dans les trajectoires de consommation de substances, indépendamment de critères tels que le style interpersonnel, l’impulsivité et la déviance sociale.

A la lumière de ces résultats, mais également des limites méthodologiques de l’étude, les auteurs recommandent une évaluation approfondie de l’empathie dans l’étude des comportements liés à la consommation d’alcool et d’autres drogues. Les travaux futurs devraient notamment comprendre les éléments suivants : (i) évaluation prospective de la capacité d’empathie chez les usagers de drogues pendant et après le traitement ; (ii) réalisation d’études prospectives développementales, mises en place avant le début de la consommation de substances et intégrant de multiples mesures d’empathie ; (iii) évaluation du rôle modérateur du sexe et de l’ethnie ; et enfin (iv) étude prospective de l’empathie chez les enfants à risque élevé de troubles liés à la consommation d’alcool et d’autres drogues.

 

Par Louise Carton 

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