Quelles mesures de prévention des consommations à risque d’alcool chez les jeunes adultes non scolarisés : une étude randomisée

De nombreuses recherches ont porté sur la réduction des risques liés à l'alcool chez les étudiants de 17-25 ans. Mais peu se sont attachées aux jeunes adultes n’étant plus scolarisés.

Alcool

L’émergence de l’âge adulte (période de transition entre l’adolescence et l’âge adulte à proprement parlé, entre 17 et 25 ans environ) est une période de vulnérabilité accrue au développement de consommations problématiques d’alcool. De nombreuses recherches ont porté sur la réduction des risques liés à l’alcool chez les étudiants de cette tranche d’âge. Mais peu se sont attachées aux jeunes adultes n’étant plus scolarisés. Pourtant, mieux connaître et mieux informer cette sous-population de jeunes adultes « émergents » non étudiants est essentiel, car ce groupe est à risque de subir des méfaits liés à l’alcool et pour le moment moins exposé aux messages de prévention.

L’objectif principal de cette étude randomisée était d’examiner l’efficacité d’une intervention brève de type feedback personnalisé (retour au patient sur son niveau de consommation par rapport aux normes existantes et aux risques encourus) conçue spécifiquement pour de jeunes adultes non scolarisés et déjà consommateurs à risque d’alcool. L’influence du sexe des participants sur les résultats de l’intervention était aussi évaluée, ainsi que l’acceptabilité globale de l’intervention.

Les participants étaient 164 (65,9 % d’hommes) jeunes adultes (âge moyen = 21,98 ans, écart-type = 2,02 ans) recrutés dans la population générale d’une ville moyenne et urbaine du Sud-Est des États-Unis. Ils ont été assignés au hasard (randomisation) à un groupe d’intervention avec feedback personnalisé (Personalized Feedback Intervention, PFI) de 50 minutes, en individuel ;  ou à un groupe contrôle où la seule intervention consistait en une évaluation des consommations sans retour fait aux sujets (AO, assessment-only). Les deux groupes ont été évalués au cours des neuf mois suivant l’intervention (initiale, 1, 3, 6 et 9 mois).

Les résultats montrait une diminution significativement plus importante de la consommation d’alcool dans le groupe PFI à 1 mois par rapport au groupe AO. Pour les changements à plus long terme (1 à 9 mois), les deux conditions (PFI et AO) ont continué à montrer une baisse graduelle de la consommation. Les groupes ne différaient pas en ce qui concerne les problèmes liés à l’alcool, et l’intervention était aussi efficace pour les femmes que pour les hommes. En ce qui concerne l’acceptabilité, les participants étaient extrêmement satisfaits de l’intervention, percevaient l’information comme étant personnellement pertinente et pensaient qu’elle leur offrait une nouvelle façon de voir leur propre consommation d’alcool.

Ce travail est l’une des premières études randomisées à évaluer une intervention brève adaptée aux besoins des jeunes adultes « émergents » non étudiants. Les résultats semblent conforter la place d’une intervention brève et centrée sur un feedback personnalisé du niveau de consommation en tant qu’approche d’intervention prometteuse pour les buveurs non étudiants. Ce nouvel axe de recherche pourrait permettre de réduire les inégalités en matière de santé liées à l’alcool associées aux inégalités en matière d’éducation.

Par Nicolas Cabé

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