Quels liens entre attachement et troubles alimentaires ?

Une étude parue dans Journal of Eating Disorders précise les liens unissant ces deux composantes : des préadolescents et adolescents de 10 à 16 ans ont été suivis pendant six ans, et ont répondu à des questionnaires portant sur leurs habitudes alimentaires, et sur la qualité de l’attachement perçu envers diverses figures (mère, père, amis). Quels en sont les résultats ?

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La période de l’adolescence, source d’importants remaniements corporels et sociaux est particulièrement propice à l’apparition des TCA.

Des modifications des habitudes alimentaires peuvent d’ailleurs être repérées dès l’enfance ou la préadolescence (vomissements provoqués, utilisation de laxatifs pour perdre du poids), et précèdent souvent la constitution des troubles.

Cette période de transition vers l’âge adulte entraine une évolution nécessaire des relations interpersonnelles : parents, frères et sœurs, amis… Pour comprendre cette évolution, il faut se pencher sur la théorie de l’attachement de Bolwby, qui met en jeu les représentations de soi et du monde social, construites à partir d’interactions dès le plus jeune âge avec des « figures d’attachement ».  Ces figures d’attachement sont généralement les personnes ayant pris soin de nous dès la naissance, souvent les parents, répondant à nos divers besoins vitaux ou secondaires.

Lorsque ces figures se sont avérées disponibles, rassurantes, sécurisantes, on parle d’attachement « sécure ». A l’inverse, lorsque l’une ou l’autre de ces composantes est manquante, l’attachement est dit « insécure ». Le mode d’attachement, fort heureusement relativement malléable au cours de la vie pour peu qu’on le travaille, définit notre relation à l’autre.

Il a été ainsi montré qu’un attachement insécure peut entrainer une peur du rejet et une faible estime de soi, facteurs retrouvés dans les TCA. On pourrait alors se dire qu’un attachement insécure majorerait le risque de développer un TCA, mais la relation inverse est possible…

Pour préciser le lien unissant ces deux composantes, des préadolescents et adolescents de 10 à 16 ans ont été suivis pendant six ans, et ont répondu à des questionnaires portant sur leurs habitudes alimentaires, et sur la qualité de l’attachement perçu envers diverses figures (mère, père, amis).

Les résultats suggèrent qu’un mauvais attachement envers les parents serait un facteur de risque de développer des troubles alimentaires. Il y aurait en revanche assez peu d’influence de l’attachement aux amis/pairs.

Toutefois, n’oublions pas qu’un certain nombre d’autres facteurs (par exemple les médias) influencent l’apparition des TCA à cet âge, et ne sont pas pris en compte dans cette étude. Une approche plus globale pourrait aider à déterminer le degré d’influence de l’attachement dans les troubles alimentaires.

Julia de Ternay (interne de psychiatrie à Lyon)

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