Alcool, adolescents et jeunes adultes en soirée : résultats de l'étude ARAMIS 2 de l'OFDT

Alcool

L’OFDT (Observatoire français des drogues et des tendances addictives) présente chaque mois des données chiffrées sur les addictions. Les premiers résultats de son enquête ARAMIS 2 a pour angle les contextes de consommation d’alcool en soirée chez les adolescents et les jeunes adultes. L’organisation et le déroulé du moment festif (approvisionnement, personnes invitées, lendemain de la fête…) sont traversés par des enjeux de différenciation sociale et de genre.

Ces derniers façonnent les stratégies de régulation (individuelle et collective) et conduisent les jeunes à se focaliser sur les risques immédiats de la consommation (réputation, crainte d’abus sexuels, conduite d’un véhicule…).

La consommation d’alcool des jeunes fait l’objet d’une attention particulière des médias et des pouvoirs publics sous l’angle des risques immédiats encourus, notamment les accidents de la route ou les violences. Les conséquences socio-sanitaires sont davantage soulignées depuis une décennie, entre autres par le rapport de la Cour des comptes sur les politiques de lutte contre les consommations nocives d’alcool [1]. Ce dernier concluait en 2016 à la nécessité d’une prise de conscience collective, que l’expertise coordonnée par l’Inserm sur la réduction des dommages associés à la consommation d’alcool est venue corroborer en 2021 [2].

L’alcool demeure en effet le produit psychoactif le plus consommé en population générale (malgré une hétérogénéité des pratiques), avec 42,8 millions de consommateurs actuels, entraînant 41 000 décès par an [3], pour un coût social estimé à 118 milliards d’euros [4]. Peu de travaux qualitatifs ont pourtant été consacrés jusqu’à présent aux consommations des adolescents lors de cette période charnière de passage à l’âge adulte, où peuvent parfois s’installer des usages d’alcool réguliers voire quotidiens.

C’est dans cette perspective que l’enquête sur les Attitudes, représentations, aspirations et motivations lors de l’initiation aux substances psychoactives (ARAMIS) s’est enrichie d’une deuxième édition (ARAMIS 2). L’objectif est d’approfondir les observations collectées entre 2014 et 2017 [5]. Celles-ci mettaient en lumière la méconnaissance des risques sanitaires et l’ambiguïté récurrente entre messages de prévention et publicité autour de l’alcool. Face à l’omniprésence des incitations à consommer, la gestion et le contrôle des consommations dans les moments propices à l’alcoolisation (tels que les soirées) ont particulièrement guidé cette nouvelle édition.

Comment les adolescents et les jeunes adultes organisent-ils leurs soirées ? Quels moments et quels lieux apparaissent propices au contrôle des consommations ? Comment se représentent-ils les risques en contexte festif ? Quelles sont les stratégies individuelles de gestion des effets de l’alcool en soirée et comment le groupe participe-t-il à (dé)réguler les usages ?

Pour répondre à ces questions, une campagne de 122 entretiens a été menée entre 2020 et 2021 auprès de 133 enquêtés. Elle a été déclinée en trois volets d’études, auprès d’adolescents (15-18 ans), de jeunes adultes (jusqu’à 23 ans inclus) et de parents de mineurs (15 à 17 ans). L’enquête, financée par le Fonds de lutte contre les addictions, a été coordonnée par l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) avec le concours de l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (Injep) et de l’Université Paris-Cité (voir encadré « Méthodologie » p. 3).

Lire le Tendances n°149 – Alcool et soirées chez les adolescents et les jeunes majeurs (2022)