« Dans un petit village du Sud-Est se dressent des vignes ancestrales. » Ce début de quatrième de couverture nous invite à la contemplation dans un paysage bucolique, et pourtant tout ne sera pas si apaisant et reposant. Les vignes sont exigeantes, à la hauteur de la qualité du vin que l’on souhaite mettre en bouteille, et des injonctions à boire-avec-modération sans sacrifier au plaisir gustatif, bien au contraire.
L’heure est à la restriction d’usage, ou du moins à la vigilance, ce qui n’est pas toujours du goût des vignerons qui font face à une concurrence rude, des difficultés financières, et une nature rebelle qui sait tendre des pièges à la moindre occasion. Le travail parfois âpre de la vigne, deux couples y sont confrontés dans ce roman qui nous fait entendre et voir les difficultés auxquelles doivent faire face des vignerons qui font au mieux pour résister, voire même survivre.
Les générations se suivent mais ne se ressemblent pas toujours. Reprendre la propriété familiale, ou racheter un domaine, sont deux expériences de vie et d’exercice du métier différentes… Nous traversons ici les quatre saisons de l’année en compagnie d’Arnaud et Nathalie pour commencer, vignerons qui ont quitté le confort citadin pour se faire tout seuls, comme on dit.
Suivent dans le récit, “Le jeune“ et sa femme Arielle, héritiers d’un domaine qu’il faut faire tourner. La vigne aura elle aussi droit à la parole, et se racontera à la première personne dans une dernière saison, l’hiver. Tous les parcours de vie, hommes, femmes et terres cultivables, ont créé des liens dans les joies et les peines, les bonnes années que l’on sait célébrer en sabrant les bons crus, et les moins bonnes où l’on se désespère parfois dans une consommation sans modération de sa propre fabrication…
Il y a une dizaine d’années, Lolita Sene nous racontait ses années parisiennes sous cocaïne avec beaucoup de sincérité, de sensibilité et d’authenticité. Devenue vigneronne dans le Gard, elle en fait de même ici pour que la beauté du métier ne soit pas éclipsée par sa rudesse et des difficultés à gérer qui paraissent, ou sont, parfois insurmontables.
L’alcool contenu dans le vin est le même que celui contenu dans la bière et les spiritueux, et ses effets psychoactifs et risques associés à sa consommation ne sont pas à éclipser, bien entendu, mais rien n’empêche de prendre le temps de marcher au côté des vignerons et d’écouter ce qu’ils ont à dire du produit de leur vigne, de leurs aspirations, envies, besoins et espoirs, loin d’une agitation sanitaire tout aussi légitime que la vitalité de leur métier…
Thibault de Vivies,
DopamineCity.fr
