Tabac : “Le rapport s’est inversé”: cette nouvelle génération qui incite ses parents à lâcher

La génération des moins de 16 ans est en passe de devenir la première "génération sans tabac" en France. Des jeunes adultes racontent à BFMTV leurs efforts et les difficultés rencontrées pour convaincre leurs parents à lâcher la cigarette.

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Tabac le rapport s'est inversé cette nouvelle génération qui incite ses parents à lâcher

La hausse du prix du paquet, les campagnes de prévention, les espaces sans tabac et l’engagement d’influenceurs contribuent à faire reculer la consommation de tabac chez les jeunes, au point que ce sont désormais souvent eux qui encouragent leurs parents à arrêter de fumer.

Depuis leur plus jeune âge, la jeune Yaël et sa soeur implorent désespérément leurs parents d’arrêter de fumer. À 22 et 17 ans, les deux soeurs ne cachent pas leur exaspération devant ce couple de quinquagénaires qui consomme au quotidien plus d’un paquet de cigarettes chacun depuis le début de l’adolescence.

A contrario, les jeunes femmes n’ont jamais touché une cigarette de leur vie. C’est le cas de plus en plus de jeunes Français, à en croire l’étude européenne sur la consommation des jeunes publiée en septembre 2025 par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT). Cela semble aller dans le sens d’une tendance générale de « prise de conscience dans la société des effets délétères de ces comportements », juge Nicolas Prisse, président de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives.

« Ça ne m’a jamais attirée, je n’ai jamais trouvé ça stylé »

Seuls 20% des jeunes de 16 ans avaient déjà expérimenté le tabac en 2024, selon cette étude: un des niveaux les plus faibles d’Europe. En 10 ans, la part des adolescents de 16 ans fumant quotidiennement a été divisé par 5 en France, passant d’environ 16% en 2015 à 3,1% en 2025.

« Ça ne m’a jamais attirée », raconte par exemple Yaël. « Je n’ai jamais trouvé ça stylé ou cool, même à l’époque du lycée quand les jeunes commencent ». Elle explique pourtant qu’autour d’elle dès le collège, certains camarades commençaient déjà à fumer. Pour autant, elle estime que la pression sociale autour du tabac a quasiment disparu aujourd’hui au sein de sa génération. « Aucun d’entre nous n’aurait osé « shamer » (ridiculiser) ceux qui ne voulaient pas fumer, peu importe leurs raisons », rapporte-t-elle.

Au contraire, la jeune fille s’est déjà sentie honteuse après avoir reçu des remarques de camarades au lycée sur l’odeur de cigarette imprégnée dans sa veste, alors même qu’elle ne fume pas. Selon elle, la nouvelle génération entretient un rapport nouveau à la cigarette et au tabac, qui se sont ringardisés ces dernières années grâce aux nombreuses campagnes de sensibilisation et à l’augmentation régulière du prix du paquet.

« Espaces sans tabac, paquet neutre, augmentation des prix, numéro vert… Les politiques anti-tabac fonctionnent plutôt bien« , souligne le député écologiste Nicolas Thierry, qui a déposé début novembre une proposition de loi transpartisane pour faire interdire la vente de cigarettes à toute personne née après 2014 de façon à en faire le première génération sans tabac.

Objectif: ringardiser et dénormaliser le tabac

Parmi elles, la loi Evin (du 10 janvier 1991, qui encadre la vente et la promotion d’alcool et de tabac) a grandement contribué à enrayer la consommation des jeunes. Ce plan anti-tabac français s’inscrit dans l’objectif fixé par l’Union européenne d’atteindre une génération sans tabac avec moins de 5% de la population de l’UE consommant des produits du tabac d’ici à 2040.

Le Dr Bernard Basset, président de l’association Addictions France, estimait en mai dernier que « la cigarette et les produits du tabac étaient considérés comme des drogues des générations antérieures, une drogue de vieux, disons le. C’est vrai qu’elle est moins fun ».

« Nous avons réussi à ringardiser et dénormaliser le tabac en l’éloignant des lieux du quotidien », se réjouit Alexandre Mirkovic, directeur de l’ONG « Demain sera non fumeur (DNF) », qui vise à protéger et sensibiliser la population des méfaits du tabac. « Le rapport de force entre générations s’est inversé: la tendance de consommation est aujourd’hui clairement à la baisse, au point que ce sont désormais les enfants qui encouragent leurs parents à arrêter ».

L’ONG fait désormais en sorte d’éloigner les adolescents du tabac, en misant sur des campagnes de prévention à destination des 12-18 ans: c’est le cas de la campagne Rentre dans le game, qui vise à recruter des influenceurs et créateurs de contenus afin qu’ils passent le message à leur audience de ne pas commencer à fumer.

« Le meilleur moyen d’arrêter reste de ne jamais commencer. Or, les 12-18 ans sont en pleine phase d’expérimentation : il faut leur rappeler qu’une première bouffée peut enclencher rapidement l’addiction« .

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