Ce matin, zéro est une bonne description de moi-même.
« Qui correspond à une valeur nulle, un ensemble vide. » La seule preuve de mon existence ce sont les marteaux-piqueurs qui me transpercent le crâne. Ca me fait tellement mal que forcément, ça veut dire que j’existe un peu. À part ça, c’est le vide intersidéral. Je trimballe ce dégoût de moi-même qui donne un goût amer à la pizza froide. Mes pensées sont comme des routes parsemées de trous béants, un gruyère de réflexions sans queue ni tête, nausée incertaine, vais-je ou ne vais-je pas dégueuler, telle est la question.
Devant le miroir, je regarde les plaques rouges sur mes pommettes, étaient-elles là hier ? Et les traits tirés ? Et le visage bouffi ?
Cet état de dépression absolue, cette maladie du corps et de l’âme a un nom, elle donne envie de mourir pendant 24/48 heures, puis repart comme si rien de rien n’était…
La veille, j’étais à l’aéroport. Pas mal de temps avant d’embarquer. Sans vraiment l’avoir planifié, je passe d’un restaurant à l’autre dans le terminal pour boire une demi-bouteille de vin par-ci, une bière par là, une autre demi-bouteille et puis encore une bière et une autre, j’arrête de les compter.
Une dispute d’une toxicité niveau 10 (sur une échelle de 0 à 5) avec ma famille m’a vidée, laminée, finite, envie de disparaître, alors bois ma fille, bois, à défaut de te faire disparaître, ça te mettra au moins entre parenthèse pendant quelques heures. Car l’alcool est un pansement miraculeux, il balaie les chagrins, élimine les malaises, dissout les impressions de n’être à sa place nulle part, il fait même danser sur les tables et embrasser des inconnus.