Témoignages : ils ont décidé de ne plus boire d'alcool

Découvrez le phénomène des teetotaler, des personnes qui ont décidé de ne plus boire d'alcool par choix personnel.

Alcool

«Ah bon, tu ne bois pas d’alcool ? Mais pas du tout ? Même pas un petit verre ? Une simple gorgée…?» Voilà, en substance, à quoi vous vous exposez quand vous refusez un verre d’alcool en soirée, s’amuse Ling, teetotaler depuis quatre ans. Comme Pierre, Léa, Chelssy ou Lara, elle a une vingtaine d’années, ne pointe pas aux alcooliques anonymes, n’attend pas un heureux événement, n’obéit pas à une quelconque religion, mais a pourtant fait le choix de ne plus boire d’alcool. Il y aurait ainsi de plus en plus de jeunes abstinent·es à naviguer à contre-courant des soirées alcoolisées. Au pays du vin, et à l’âge où s’amuser rime souvent avec s’enivrer, qu’est-ce qui motive cette nouvelle génération de jeunes adultes à bouder les cocktails et à bousculer les codes de la fête ?

D’après une récente étude mondiale publiée dans BMC Public Health, chez les 16-24 ans, le taux d’abstinent·es est passé de 18% en 2005 à 29% en 2015. Le nombre de jeunes adultes qui ont dit adieu à l’alcool a presque doublé en l’espace de dix ans. En France, l’OFDT (Observatoire français des drogues et des toxicomanies) note qu’en 2017, 14% des moins de 17 ans n’ont jamais touché un verre d’alcool contre 6% seulement en 2000. Un véritable pied de nez au binge drinking, phénomène parallèle et assez inquiétant qui consiste à se « cuiter » le plus rapidement possible.

Cette tendance se confirme par les ventes de bières sans alcool en constante progression. Rafraîchissantes, désaltérantes et moins sucrées que les sodas ou cocktails sans alcool, elles séduisent les jeunes teetotalers. Les brasseries l’ont bien compris en surfant sur la mouvance et en élargissant leur offre de bière non alcoolisée. Le géant Heineken a ainsi doublé ses ventes de bières 0.0 entre 2017 et 2018. Les brasseries artisanales s’y mettent aussi, aguichant ostensiblement les jeunes avec des packagings modernes et colorés. L’alcool n’a plus la cote, l’heure est à la sobriété.

Une démarche de mieux-être

Comme souvent, ce sont nos voisins nordiques, toujours en avance d’un cran, qui se posent en grands précurseurs de cette tendance mondiale. C’est à Stockholm que les teetotalers ont commencé à faire parler au début des années 2010, et qu’ont fleuri les premières soberparties. À l’entrée, en guise de videur, un éthylotest obligatoire pour montrer patte blanche. Une fois cette étape passée, mocktails, softs et bières sans alcool se volent la vedette de la carte du bar. Pas l’ombre d’une molécule d’éthanol en vue.

Ces fêtes sans alcool ont ensuite fait un crochet par les États-Unis pour débarquer en France il y a trois ans, avec les désormais célèbres Daybreakers : ces events matinaux qui débutent à l’aube avec une séance de sport, suivie d’une dance party endiablée. Léa, 27 ans est adepte des matinées Daybreakers depuis deux ans : «Faire la fête le samedi matin, quand certains de tes copains sont en train de décuver de la veille, c’est assez grisant !» Au bar, kombucha et smoothies fraîchement pressés viennent vitaminer l’ambiance déjà survoltée. «C’est vraiment cool de se rendre compte qu’on s’amuse autant voire plus sans boire d’alcool», lance la jeune femme.

Faire l’impasse sur l’alcool s’inscrit aussi souvent dans une démarche de mieux-être, une volonté de prendre soin de son corps. L’avènement du yoga, du healthy ou encore du végétarisme font par exemple largement écho au teetotalisme. Pour Léa, l’arrêt de l’alcool s’est inscrit dans une prise de conscience généralisée : «Je mange mieux, je réduis mes déchets, je prends soin de mon corps et de la planète.»

Pierre, 28 ans et prof de yoga, a réalisé très jeune que l’alcool n’était pas pour lui : «J’ai le souvenir d’une soirée alcoolisée très mal vécue. Depuis, je ne bois plus et je le vis très bien!» Il a même fêté le passage à 2020 dans un centre de yoga nidra à Paris avec plusieurs amis. Au programme : mantras, musique, danse, méditation et plats végétariens. «Une bonne façon de commencer l’année!», résume Pierre.

Voir la suite des témoignages sur le site Slate.fr

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