To binge or not to binge : une question de temperament ?

Les comportements de binge drinking sont de plus en plus répandus, notamment chez les étudiants, et considérés comme une priorité de santé publique. Mais il existe peu d’études sur les liens entre ces comportements et des éléments de tempérament, de caractère et de personnalité.

Alcool

Les comportements de binge drinking sont de plus en plus répandus, notamment chez les étudiants, et considérés comme une priorité de santé publique. Mais il existe peu d’études sur les liens entre ces comportements et des éléments de tempérament, de caractère et de personnalité.

Dans cette étude, 200 étudiants des universités de Reims et Amiens, âgés de 18 à 24 ans, consommateurs d’alcool, ont été évalués sur leurs consommations d’alcool et d’autres substances, leur impulsivité, leur propension à rechercher des sensations fortes, leur humeur, et ont complété l’inventaire de tempérament et de personnalité de Cloninger.

Les sujets qui expérimentaient des binges étaient plus impulsifs, avaient plus tendance à recherche des sensations fortes, leurs consommations d’alcool mais aussi de cannabis étaient plus élevées. Il n’y avait pas de différence concernant l’âge du premier verre, ni les variables liées à l’humeur. Pour les hommes comme pour les femmes, les sujets ayant des comportements de binge présentaient un plus haut niveau de recherche de sensation, de manque de persévérance et d’autodétermination. Une analyse en cluster a permis d’identifier deux sous-groupes de sujets présentant des binges, chez les hommes comme chez les femmes : un premier pattern serait marqué par une forte recherche de nouveauté, un faible niveau d’évitement du danger, une forte impulsivité et recherche de sensation ; le second par une faible recherche de nouveauté, un fort niveau d’évitement du danger, une faible impulsivité et un plus haut niveau d’anxiété. La répartition des hommes comme des femmes de l’étude était équilibrée entre ces deux patterns.

Ces résultats soulignent l’hétérogénéité de la population des sujets expérimentant des binges d’alcool. Les étudiants comme les étudiantes qui consomment de l’alcool de manière brutale et dans une recherche d’ivresse rapide ne peuvent pas être considérés comme un groupe unitaire mais plutôt comme des populations d’individus qui peuvent être regroupés selon au moins 2 patterns de personnalités distincts et opposés, qui pourraient sous-tendre deux étiopathogénies différentes des conduites de binge. Il y aurait donc une nécessité d’adapter à la fois les messages de prévention et les offres de soins, par exemple en diffusant des campagnes qui ciblent d’une part les stratégies pour éviter les consommations impulsives d’alcool, et d’autre part qui explicitent les risques liés aux comportements de binge.

Par Nicolas Cabé

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