« Traiter l'addiction sans traiter la pathologie mentale, entraine un pronostic moins bon et augmente le risque de rechute. »

Émilie Tissier, psychiatre addictologue du service addictologie et pathologies duelles du CHU de Clermont-Ferrand et au SMRA (Soins Médicaux et de Réadaptation en Addictologie) du CH Etienne Clémentel à Enval.

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Photo Emilie Tissier

« En cas d’addiction, systématiser la recherche d’une pathologie mentale, un réflexe important pour améliorer la prise en charge et réduire l’errance de diagnostic. »

Nous accueillons des patients pour lesquels l’addiction n’a pas été prise en compte dans leur parcours de soins en service de psychiatrie, nous partage Émilie Tissier, psychiatre addictologue au CHU de Clermont-Ferrand et au SMRA (Soins Médicaux et de Réadaptation en Addictologie) du CH Etienne Clémentel à Enval.

Ce sont des patients atteints d’une addiction sévère, en échec de sevrage sans hospitalisation, les plus à risque d’avoir développé une pathologie mentale associée. Traiter l’addiction sans traiter la pathologie mentale, entraine un pronostic moins bon et augmente le risque de rechute.

Les signaux d’alerte

On recherche la pathologie mentale associée chez un patient dont l’addiction a débuté à l’adolescence, quand il y a polyaddiction, peu de périodes d’abstinence et de nombreuses conséquences psychosociales (perte du logement, du travail…). Quand on reçoit le patient, on interroge l’objectif des consommations : auto-soulagement, apaisement d’idées noires, de troubles anxieux, dépressifs… Cela va nous permettre d’identifier la pathologie mentale sous-jacente. On recherche aussi les antécédents psychiatriques du patient (tentative de suicide, dépression…) car il y a des éléments psychiatriques en faveur, même s’ils sont souvent peu nombreux.

Une prise en charge hospitalière en 4 étapes sur 6 semaines

  • Entretien d’entrée (infirmière et médecin) pour caractériser l’addiction : durée de son existence, évaluation des épisodes de rechute, d’hospitalisation, de consommation et difficultés rencontrées (psychologiques, sociales, somatiques, physiques),
  • Projet de soins personnalisés pour répondre au mieux à la problématique et à la demande du patient (ateliers en groupe, prise en charge individuelle…),
  • Bilan à mi-parcours pour adapter la prise en charge,
  • Réunions hebdomadaires de l’équipe pluridisciplinaire (infirmière, aide-soignante, psychologue, diététicienne, éducateur en activité physique adaptée, assistante sociale, sophrologue, médecins) pour réadapter le projet de soins.

Une sortie préparée

Des permissions permettent aux patients de s’exposer progressivement à leur environnement habituel (1/2 journée, 1 journée, 1 week-end) pour se préparer à la sortie et éviter la rechute.

Quand un patient revient de permission, s’il y a eu rechute, il va pouvoir travailler avec l’équipe pour anticiper une autre rechute dans les mêmes conditions.