TSO et allongement du QT, une étude originale du British Journal of Clinical Pharmacology

La méthadone est l’un des nombreux traitements associés à un allongement de l’espace QT, avec un risque accru de torsade de pointe. Inversement, la buprénorphine ne semble pas être associée à un tel effet. Plusieurs études ont évalué la prévalence d’un allongement de l’espace QT, avec des populations et des méthodologies différentes.

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La méthadone est l’un des nombreux traitements associés à un allongement de l’espace QT, avec un risque accru de torsade de pointe. Inversement, la buprénorphine ne semble pas être associée à un tel effet.

Plusieurs études ont évalué la prévalence d’un allongement de l’espace QT, avec des populations et des méthodologies différentes. Dans ces études, un QT long était décrit chez zéro à deux tiers des patients, mais les cut-offs définissant un allongement de l’intervalle étaient variables, pouvant aller de 430ms à 500ms. Certaines études retrouvaient un effet dose-dépendant, d’autres non.

L’utilisation d’une seule mesure de l’intervalle QT pour déterminer si un patient a un risque élevé de torsade de pointe est limitée par la fluctuation des mesures de l’intervalle QT sur une période de 24 heures. Un certain nombre de formules ont été mises au point pour corriger l’intervalle QT avec la fréquence cardiaque, mais toutes présentent des limites. Une approche novatrice récemment mise au point est l’utilisation d’un nomogramme QT qui permet de tracer l’intervalle QT par rapport à la fréquence cardiaque. L’utilisation d’un enregistrement Holter 24 heures sur 24, combinée à cette approche, permet ainsi une mesure plus détaillée du risque de QT long sur une période de 24 heures.

Les auteurs ont donc utilisé un enregistrement Holter de 24 heures afin de mesurer et détecter des intervalles QT anormaux basés sur le nomogramme QT chez des patients suivis en ambulatoire traités par méthadone ou buprénorphine dans le cadre d’une dépendance aux opiacés.

Cette étude a inclus 58 patients (19 sous méthadone, 20 sous buprénorphine et 19 témoins) avec un âge médian de 35 ans (20-56 ans) et comprenant 33 hommes. La dose médiane de méthadone était de 110 mg par jour (70-170 mg) et celle de buprénorphine 16 mg par jour (12-32 mg). Les auteurs ont retrouvé une différence significative dans la proportion de sujets sous méthadone présentant un intervalle QT anormal, 7/19 (37%; IC95 %: 17-61%), par rapport aux témoins 0/19 (0 %; IC95% :0-21%; P = 0,008), mais aucune différence entre la buprénorphine et les témoins (0/20). Il n’y avait pas de différence significative de posologie chez les patients traités par méthadone avec ou sans allongement de QT. Cependant, cette absence d’un effet dose-dépendant, alors qu’il a été décrit pour d’autres molécules allongeant le QT, pourrait être liée au petit échantillon de l’étude, mais également aux importantes différences interindividuelles en ce qui concerne la biodisponibilité orale et la faible association entre la dose et la concentration de méthadone.

La prise de méthadone était donc associée à un allongement du QT chez plus d’un tiers des patients dans cette étude, mais pas la buprénorphine. L’utilisation d’enregistrements Holter de 24 heures combinés au nomogramme QT semble possible chez les patients sous méthadone et devrait être envisagée lors de l’évaluation de sujets avec un QT long.

Par Louise Carton

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