ALCOOL / Un cheveu pour mieux évaluer les consommations de tabac et d’alcool pendant la grossesse

Les consommations de tabac et d’alcool pendant la grossesse restent mal évaluées par les soignants, et sous déclarées par les patientes. Dans cette étude, il s’agissait d’utiliser des techniques d’analyse toxicologiques s’appuyant sur l’analyse des cheveux...

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Les consommations de tabac et d’alcool pendant la grossesse restent mal évaluées par les soignants, et sous déclarées par les patientes. Dans cette étude, il s’agissait d’utiliser des techniques d’analyse toxicologiques s’appuyant sur l’analyse des cheveux pour évaluer dans quelle mesure la consommation d’alcool et de tabac sont sous-estimés lors des consultations de suivi de grossesse.

153 femmes enceintes consultant dans un service universitaire de gynécologie de Barcelone ont été incluses. Un entretien était mené après l’accouchement sur les habitudes de consommation d’alcool et de tabac pendant la grossesse. Un segment de cheveu de 9cm de longueur était collecté chez chacune des patientes. Ce cheveu était ensuite analysé en chromatographie en phase liquide couplée à une spectographie de masse pour identifier des marqueurs qui reflètent la consommation d’alcool ou de tabac à l’époque où le segment de cheveu a été produit (1cm de cheveu représente environ 1 mois donc les 9 centimètres de cheveux prélevés permettent un regard sur les consommations des 9 derniers mois). L’analyse a été menée sur des segment de 3cm de cheveu correspondant aux trois trimestres de grossesse.

Lors des entretiens, 28,1% des femmes déclaraient des consommations occasionnelles de tabac pendant la grossesse, et seules 2,6% des consommations d’alcool à plus d’une occasion. L’analyse toxicologique capillaire a mis en évidence une consommation active de tabac chez 7,2% des femmes, et une consommation passive ou occasionnelle chez 16,3%. 76,5% n’avaient pas été exposées à la fumée de tabac pendant la grossesse. Concernant l’alcool, 35,3% étaient restées totalement abstinente pendant la grossesse, 62,7% avaient consommé des quantités limitées mais non négligeables, et 2% avaient expérimenté des consommations chroniques et excessives.

Ces résultats soulignent que l’utilisation des cheveux en toxicologie analytique représente un outil efficace et sensible dans l’évaluation des consommations d’alcool et de tabac pendant la grossesse. C’est un outil plus sensible que les entretiens classiquement réalisés, qui semblent très largement sous-estimer la prévalence des consommations.

Les auteurs suggèrent de réfléchir à l’intégration de cette mesure toxicologique objective dans le suivi des femmes enceintes. Ils soulignent l’intérêt de politiques de santé publiques ciblées sur la grossesse.

Par Nicolas Cabé

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