Usage d'alcool en période de Covid-19 : quelles implications politiques ?

Une étude de Jürgen Rehm, Carolin Kilian, Carina Ferreira‐Borges, David Jernigan, Maristela Monteiro, Charles D. H. Parry, Zila M. Sanchez et Jakob Manthey parue dans la revue "Drug & Alcohol review".

Alcool

Le bilan de l’impact de la crise sanitaire et du confinement liés au coronavirus n’est pas encore tiré. L’impact sur les consommations d’alcool est crucial du fait des conséquences qu’elles peuvent avoir : vulnérabilité face à l’infection au coronavirus, augmentation des violences intrafamiliales, etc… Les données globales de consommation cachent une grande hétérogénéité dans les consommations d’alcool. Mais des questions se posent déjà concernant les effets durables de cette crise et sur les modifications que cela pourrait nécessiter dans les politiques publiques. Rehm et al. ont entrepris une large recherche documentaire afin de déterminer d’une part l’impact des crises de santé publique passées, et d’autre part les effets des crises économiques passées sur la consommation d’alcool. De ces recherches émergent deux principaux scénarii, avec des trajectoires de prévisions opposées concernant les consommations d’alcool.

Le premier scénario prévoit une augmentation de la consommation pour certaines populations, en particulier les hommes, en raison de la détresse ressentie à la suite de la pandémie (phénomène « d’auto-médication »). Le second scénario prévoit le résultat inverse, à savoir une baisse du niveau de consommation, en raison de la diminution de la disponibilité physique et financière de l’alcool.

Compte tenu des restrictions actuelles sur la disponibilité de l’alcool, on peut supposer que, dans l’avenir immédiat, le scénario prédominant sera probablement le second, tandis que la détresse ressentie dans le premier pourrait devenir plus pertinente à moyen et long terme. La surveillance des niveaux de consommation pendant et après la pandémie de COVID-19 est donc nécessaire pour mieux comprendre les effets intrinsèques de l’épidémie de COVID-19 sur les différents groupes de population, mais aussi pour distinguer ces effets de ceux découlant des politiques publiques actuelles concernant l’alcool (une hausse liée au COVID-19 pourrait laisser à penser qu’une politique publique est faussement inefficace, et inversement). Ceci est d’autant plus important qu’il s’agit d’une crise sans précédent tant dans son ampleur mondiale que dans l’intensité de mesures de distanciation mises en place.

Un article de Nicolas Cabé

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