Vers une évaluation addictologique standardisée pré-transplantation hépatique

Pour beaucoup d’équipes à travers le monde, les patients souffrant de maladie alcoolique du foie représentent l’un des groupes le plus important, mais également le plus controversé, en attente de transplantation hépatique. Et pourtant, les méthodes d'évaluation addictologique restent très variables en fonction des centres.

Alcool

Pour beaucoup d’équipes à travers le monde, les patients souffrant de maladie alcoolique du foie représentent l’un des groupes le plus important, mais également le plus controversé, en attente de transplantation hépatique. Et pourtant, les méthodes d’évaluation addictologique restent très variables en fonction des centres.

Des auteurs ont souhaité proposer des guidelines sur le type d’information qu’une équipe de transplantation devrait rechercher et sur l’usage de ces données.

Pour ces auteurs, une évaluation adaptée consiste tout d’abord en la recherche des antécédents cliniques du patient confirmés par une tierce personne. La présence d’une tierce personne a trois objectifs : corroborer et compléter les propos du patient, assurer un bon étayage social, évaluer l’usage d’alcool ou de substance dans l’entourage. Deuxièmement, ils mettent en avant l’intérêt d’une évaluation cognitive. Il apparaît alors important de caractériser les troubles cognitifs, à savoir si ils modifications sont permanentes ou transitoires et potentiellement réversibles après traitement médico-chirurgical.

Troisièmement, l’histoire de la maladie représente un point clé de l’évaluation pré-transplantation hépatique. Elle doit comprendre, l’histoire de la maladie et l’évolution de a) la maladie du foie, b) du trouble d’usage d’alcool (dépendance, abus), c) l’usage d’autres substances y compris la nicotine, d) la présence de troubles psychiatriques et e) la stabilité sociale. L’usage d’une substance malgré la connaissance de ses effets délétères sur la santé est l’une des marques des troubles addictifs. Un patient qui aurait minimisé les avertissements médicaux  à propos de son usage d’alcool et de substance pourrait être en faveur d’une ambivalence non résolue par rapport à l’arrêt de l’usage. Quatrièmement, pour les auteurs, une évaluation de cette ambivalence du patient alcoolo-dépendant par rapport à son usage d’alcool est indispensable. De manière pratique, si le clinicien n’est pas rassuré par les réponses du patient, une prise en charge ciblée de l’alcoolo-dépendance s’impose, si l’état cognitif le permet, ainsi qu’une réévaluation ultérieure du patient.

Cinquièmement, l’évaluation de la stabilité sociale permet d’apprécier sur quelle base se construit l’observance au traitement et le pronostic. Des facteurs sociaux favorables seraient notamment le fait d’être marié, de ne pas vivre seul, d’avoir eu un emploi stable au cours des 3 dernières années et un logement stable depuis 2 ans.

Enfin, les auteurs proposent d’utiliser les 4 facteurs pronostiques de maintien d’abstinence décrits par Vaillant: un emploi du temps structuré,  un étayage soutenant,  des sources d’espoir ou d’estime de soi et un renforcement négatif comportemental (comme des douleurs pancréatiques par exemple).

Bien appliqués, ces 6 éléments proposent une évaluation standardisée dans la plupart des cas, permettant de palier à des ressources inégales en terme d’expertise disponible et à des pratiques décisionnelles variables.

Par Louise Carton

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