Le domaine de la eSanté et des outils numériques est en plein essor depuis plusieurs années et s’intéresse de plus en plus aux pathologies addictives, en particulier à l’alcool. Malgré l’intérêt croissant du public et des professionnels, les éthylotests numériques pour smartphone (cellular photo digital breathalyzers) n’ont pas encore été étudiés dans un contexte clinique. Les auteurs ont donc réalisé une étude qualitative pour étudier les expériences de patients en suivi pour un trouble de l’usage de l’alcool qui utilisaient ce type d’outil depuis au moins trois mois : Quel est leur ressenti en temps qu’utilisateur ? Les a-t-il aidés à changer leurs habitudes de consommation ? Et si oui, comment ?
Ces patients utilisaient l’éthylotest numérique en complètement d’une prise en charge usuelle (programme en 12 étapes ou soins externes en milieu hospitalier). Une analyse thématique a été réalisée pour identifier, analyser et interpréter les données récoltées.
Dans les douze entrevues réalisées, les patients étaient plutôt enthousiastes en ce qui concerne ce matériel. Ils l’ont trouvé pratique et utile, même s’ils notaient le besoin de créer une intimité pour son utilisation. Ils évoquaient d’assez fréquents problèmes techniques, tout en étant assez tolérants vis-à-vis d’eux. Ce dispositif était perçu comme favorisant la maitrise de soi et le rétablissement des relations sociales, mais n’était pas décrit comme une alternative suffisante au contact avec les soignants. La place de la motivation personnelle au changement était toujours essentielle pour eux, et ne pouvait pas être atteinte avec l’utilisation seule de cet appareil.
En conclusion, l’apparition de ce type d’outil, plus pratique et utile que les éthylotests traditionnels, parait très intéressante dans une optique d’autocontrôle par exemple. Il persiste toutefois quelques aléas techniques à régler pour pouvoir pleinement profiter de cette avancée technologique.