Tabac et COVID-19 : ne pas confondre recherche et faits avérés

Communiqué de presse de la Fédération Française d’Addictologie.

Tabac

Paris, le 22 avril 2020

L’annonce médiatisée d’une recherche sur un éventuel effet protecteur de la nicotine par rapport à la maladie due au SARS-CoV-21a entraîné un tel flot de réactions qu’il convient de réaffirmer qu’il faut raison garder.

 

En effet :

-Si toute recherche bien conduite est légitime, il importe de ne pas confondre sujet de recherche et éventuels résultats qui ne seront connus que dans plusieurs mois. En l’occurrence, rechercher l’interaction entre nicotine et COVID-19 est une hypothèse et non une donnée avérée.

-Nous savons de manière certaine que les fumeurs ont deux fois plus de risques de développer une forme sévère du COVID-19, et le risque de développer une forme très sévère (réanimation, décès) est accru de 133 %.

-Les études disponibles à l’heure actuelle sur ce sujet sont imprécises et ne tiennent pas compte de l’âge, en particulier du fait que les patients âgés de plus de 65 ans fument moins que la population générale (11,3 % vs 28,2 % pour les hommes dans la population générale en France).

-Les effets catastrophiques du tabac sont en revanche parfaitement documentés, en particulier le nombre de morts annuel qui ne doit pas être oublié (plus de 75 000 par an, 13 % des décès survenus en France métropolitaine), et qui en font toujours une priorité de santé publique.

Par conséquent, il ne faut surtout pas confondre des hypothèses qui font l’objet de recherches et des faits avérés : le tabac tue à coup sûr, et l’effet protecteur de la nicotine par rapport au COVID-19 reste à démontrer. La lutte contre le tabagisme ne doit pas être affaiblie par de faux espoirs. Les ex-fumeurs ne doivent pas reprendre leur consommation, les fumeurs en cours de sevrage doivent poursuivre leur tentative d’arrêt et les non-fumeurs ne doivent pas recourir à la nicotine sous quelque forme qu’elle soit dans un objectif de prévention.

 

1 https://www.aphp.fr/contenu/covid-19-lhypothese-du-role-central-du-recepteur-nicotinique-de-lacetylcholine-et-ses
Contact Presse : Pr Amine BENYAMINA, Président de la Fédération Française d’Addictologie – ffa@larbredecomm.fr

 

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