Dopage au travail : un défi pour les entreprises

Protéiforme, difficile à appréhender, l’usage de substances psychoactives par des salariés prend de l’essor. Un phénomène encore sous-estimé, ce qui complique les démarches de prévention et la mise en œuvre des nécessaires changements organisationnels.

Autres drogues

Quelles sont les principales évolutions dans l’usage de stupéfiants par des salariés ?

Ce phénomène est loin d’être nouveau. On sait par exemple que les ouvriers chargés de construire les pyramides consommaient des herbes psychoactives. En fonction des zones géographiques et des périodes, les produits changent. En Europe, c’est l’alcool qui a longtemps été au cœur des pratiques et des perceptions. En dehors de ses effets anesthésiants et anxiolytiques, il peut jouer un rôle social important, par exemple dans le BTP, où il a longtemps été consommé au sein du groupe, en tant que moyen collectif de se sentir moins seul face aux difficultés.

On observe de nombreux changements récents. Les produits se sont diversifiés, l’alcool cédant le pas à d’autres substances, certaines illicites (cocaïne, haschich, etc.), d’autres non – antidouleurs, antidépresseurs, calmants… De plus en plus de métiers et de secteurs d’activité sont concernés. Enfin, on est passé d’une consommation dans la sphère publique au cadre privé.

Quel sens peut-on donner à cet essor ?

Il y a sans doute de nombreux facteurs en jeu, mais il est évident que les transformations du travail contribuent à accroître le niveau d’exigence – de qualité, de productivité – envers les salariés. Les ressources collectives que sont l’entraide, l’esprit collectif, le transfert de compétences s’amenuisent, au bénéfice de l’individualisation du travail. Quand l’individu a le sentiment que ses propres ressources sont épuisées, il a tendance à chercher dans une substance psychoactive les moyens de faire face.

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