C’est une poudre dont les conséquences dévastatrices se mesurent jusqu’à l’hôpital. Selon les résultats inquiétants d’une enquête de l’Agence du médicament que nous révélons en exclusivité, ces six dernières années, le nombre d’intoxications à la cocaïne a été multiplié par six, pour atteindre 416 en 2016. Et le nombre de cas graves, (réanimation ou pronostic vital engagé) par 8 ! Enfin, quand cette drogue avait tué à 25 reprises en 2010, 44 personnes ont succombé en 2015, selon les dernières données disponibles. Un chiffre mortifère que nombre de professionnels s’attendent à voir rapidement dépassé.
Troubles délirants, douleurs thoraciques, troubles cardio-vasculaires… tous les signaux sont passés au rouge. «Notre réseau nous a fait remonter une hausse des hospitalisations liées à la cocaïne, détaille Nathalie Richard, de l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM). Nous avons alors lancé une enquête d’envergure nationale. »
«Elle n’est plus réservée aux catégories privilégiées»
Certes, le nombre de consommateurs augmente, ce qui s’explique notamment par la baisse des prix dans les années 2000 et de la vente de petites quantités d’environ 20 euros adaptée aux budgets serrés : selon l’Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT), 2,2 millions de Français en ont déjà pris et 450 000 en consomment au moins une fois par an. « Elle n’est plus réservée aux catégories privilégiées », analyse Thomas Nefau, pharmacien, chargé d’études à l’OFDT. Mais la cocaïne, à l’effet stimulant, est surtout plus pure qu’avant, car la « qualité » du produit, très prisée, est désormais le premier des arguments marketing.