“Pano, Shaman malgré lui“, Série radiophonique

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Cette série radiophonique en six épisodes, diffusée sur la plateforme Substances, donne la parole à Pano, un usager de psychédéliques devenu shaman (ou chamane) malgré lui, mais sûrement pas par hasard, bien au contraire. On ne s’improvise pas shaman nous dit-il, même si d’autres, moins scrupuleux que lui, se sont installés sur ce secteur potentiellement lucratif puisque qu’il va chercher du côté de la curiosité des Occidentaux en quête d’expériences mystiques et psychoactives originaires d’autres continents… Le parcours de ce Belge de cinquante-cinq ans, qui vit avec sa compagne et son chien, sans sortir de chez lui, ou le moins possible, n’est pas celui d’un homme qui a cherché à s’oublier ou à oublier le monde qui l’entoure pour s’enfermer dans une consommation de psychotropes, mais bien au contraire celui d’un homme qui a toujours cherché à s’éveiller à soi et aux autres, mais aussi simplement à éveiller sa curiosité et à s’amuser. Ses produits de prédilection, après avoir expérimenté et consommé à peu près toutes les substances, sont les psychédéliques, et notamment l’ayahuasca, cette mixture à base de plantes qui poussent dans la forêt amazonienne et d’une liane qui contient de la DMT. Le produit est fortement hallucinogène et provoque des modifications plus ou moins importantes de la conscience et par la même occasion des altérations plus ou moins intenses de la réalité.  L’ayahuasca est entré dans la vie de Pano un peu par hasard, comme il l’explique, c’est-à-dire sans qu’il ait été en quoique ce soit demandeur. Il accompagnait sa compagne dans une démarche de soin, celle-ci ayant entendu parler du pouvoir curatif de la substance… Difficile pour lui de raconter des sensations et sentiments qui lui semblent indescriptibles. Une “intensité“ et une “plénitude“ incroyable sont les premiers mots qui lui viennent dans ce récit radiophonique. Pour essayer d’illustrer son propos, il reprend alors ceux d’une tribu d’Indiens d’Amazonie qui résument ainsi une nuit d’ayahuasca : « Nous avons eu très peur, mais c’était très bien ! » Impossible d’en dire beaucoup plus sur cette épiphanie. Pano dit avoir été “bouleversé moléculèrement“. Il sait bien que le shoot de sérotonine dans le cerveau est responsable en partie de cet effet apaisant considérable, et de cet état de bien-être, mais il pense que ça va bien au-delà de cette agitation chimique neuronale. Le pouvoir guérisseur est pour lui bel et bien présent sans que l’on sache réellement encore comment cela fonctionne. Le mystère est pour lui entier, bien au-delà de la purge évidente que provoque la boisson psychoactive. Pano fait alors la promotion d’une médecine qui est loin d’être facile d’accès, est un peu déconcertante, prend appui sur une substance qui est loin d’avoir bon goût, mais une médecine qui mérite que l’on s’attarde un peu plus sur ses bénéfices… Le passage, pour Pano, de l’usage régulier à l’animation d’une première cérémonie d’ayahuasca, se fera à l’occasion du décès de la shaman prévue pour encadrer la cérémonie ce jour-là. Pano s’essaie alors, avec un ami expérimenté, à l’accompagnement et l’encadrement des participants présents. Les précautions sont de mises. Le rituel et le cadre ont une importance d’autant plus importante que l’expérience psychoactve doit être facilitée et sécurisée « pour amener tout le monde à bon port » comme le dit si bien Pano… Cette première expérience de shamanisme actif improvisée sera suffisamment concluante pour qu’elle se poursuive une quinzaine d’années, jusqu’à aujourd’hui encore… La substance accompagne désormais son parcours de shaman, celui d’un usager qui assume son prosélytisme et sait accompagner désormais avec précaution d’autres que lui dans des trips psychédéliques encadrés pour permettre à l’expérience d’être satisfaisante et enrichissante. Pano et sa compagne croient profondément aux vertus de cette substance pour soigner les âmes et les corps… Le shamanisme, et la substance qui y est souvent associée, à savoir l’ayahuasca, sont souvent voilés de mystères. Pano vit avec ça et l’accepte sans essayer de vouloir tout dévoiler. L’auditeur se doit lui aussi de se laisser porter et est invité à le faire et à profiter du récit installé bien confortablement dans son fauteuil… Thibault de Vivies (Image par Gordon Johnson de Pixabay ) 

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