C’était il y a tout juste un an. Dans le JDD, le patron de l’agence européenne de coopération policière, Europol, tirait le signal d’alarme. « Nous sommes très inquiets à cause du fentanyl, un opiacé synthétique cent fois plus puissant que la morphine, qui fait des ravages outre-Atlantique et a déjà fait plusieurs dizaines de morts en Grande-Bretagne. Il arrive en France », prévenait le Britannique Rob Wainwright. Les policiers parisiens de la Brigade des Stupéfiants ont confirmé ses craintes cette semaine. Près de 600 g de fentanyl – une première en France – ont été saisies dans le 19e arrondissement de Paris. Deux personnes – un importateur-fabriquant et son client-revendeur – vont être présentés vendredi à la justice.
L’enquête a démarré cet été par un renseignement. La drogue tant redoutée circulerait dans la capitale. Cinq mois d’investigation plus tard, la PJ parisienne matérialisait l’information d’abord en interrompant, en flagrant délit, une transaction puis en découvrant au domicile d’un chimiste près de 600 g d’une poudre blanche dont l’analyse confirmera qu’il s’agit bien de fentanyl. Une saisie impressionnante si l’on considère que ce produit est entre 40 et 50 fois plus puissant que l’héroïne, et qu’un gramme permet de produire jusqu’à 100 doses… Selon une source proche de l’enquête, pour éviter tout risque d’intoxication comme cela s’est déjà produit à l’étranger, les policiers sont intervenus en tenue NRBC (nucléaire radiologique biologique chimique) pour procéder à la saisie.