Récit / Nathanaël de Anaïs Dariot

 

Nathanaël est le prénom d’un jeune homme de 24 ans, source d’une attention toute particulière et légitime de la part d’une mère inquiète de sa consommation d’alcool. Ce récit, publié aux Editions Pygmalion semble adressée par l’auteur, Anaïs Duriot, à son fils en même temps qu’aux lecteurs qu’elle veut sensibiliser à cette problématique d’alcoolo-dépendance chez les jeunes adultes. Cet ouvrage est comme un grand pardon adressé à un fils qu’elle a tenté de protéger, dans une période de crise d’environ deux ans. Cette mère tente de s’expliquer, peut-être de se faire pardonner mais, même s’il est difficile de se mettre à sa place, on peut aisément comprendre la situation à laquelle elle a été confrontée.

Son fils Nathanaël n’a jamais aimé, jeune, l’alcool. Il l’avait même en horreur dans cette famille touchée par l’alcoolisme d’un père et d’une grand-mère sans qu’il n’en sache rien. Nathanaël ne faisait pas parti de ces jeunes qui consomment à outrance dans les fêtes. Le binge drinking, il l’a connu une fois, et considérait que c’était une fois de trop. L’usage régulier d’alcool est arrivé après un bac raté et un découragement fort. Le jeune homme commence alors à s’enfermer dans sa chambre et à s’anesthésier avec un produit, l’alcool, qu’il consomme seul et sans retenue pour endormir ses angoisses. Tout va très vite sans que son entourage s’en aperçoive.

Sa mère, divorcée de son mari quand Nathanaël avait dix ans, décide de le prendre en charge, et de l’aider au mieux, mais se laisse submerger par la dépendance alcoolique dans laquelle son fils s’enferme. Elle doit affronter son laisser-aller, ses comas éthyliques, ses allers retours à répétition aux urgences, ses fuites, sa violence jusqu’à devoir appeler les policiers pour qu’ils interviennent, ses tentatives de suicides, etc… Anaïs Dariot fait corps et âme avec un fils unique qu’elle a toujours vénéré, et vit son “alcoolisme“ comme un échec éducatif ou affectif. La culpabilité est forte. Tout est en place pour que le processus d’aide maternelle se transforme en co-dépendance durable.

En voulant tout prendre en charge, tout supporter, tout faire pour sauver son fils, elle s’aperçoit qu’elle ne l’aide pas. Elle finit, sur les conseils d’un membre des Alcooliques Anonymes, par accepter l’idée que son fils est malade. Dans un moment de crise aigüe, la décision douloureuse est prise de le faire enfermer dans un hôpital pour un sevrage “forcé“ mais infructueux. Puis vient cette phase où elle décide de ne pas céder, de le laisser gérer ses contrariétés et ses difficultés de vie, tout en ayant un œil sur lui, avec toujours cette angoisse au jour le jour que son fils meurt de trop d’alcool. Elle continue à l’accompagner, mais de loin, en assumant le regard de l’entourage qui ne comprend pas ce qu’il considère comme un manque de soutien. La culpabilité reste là, mais ce n’est pas celle qui laisse penser qu’on est responsable de l’alcoolisme de son fils, plutôt celle qui laisse penser qu’on abandonne son fils à son sort parce qu’on met tout en place pour qu’il soit autonome et que la guérison vienne de lui, et de lui seul. Heureusement, quelques années plus tard, Nathanaël bénéficiera de l’aide d’un alcoologue qui lui prescrira avec succès du Baclofène.

A la lecture de cet ouvrage sous-titré “Le combat d’une mère pour sortir son fils de l’alcoolisme“, on en apprendra plus sur une mère et les problématiques de co-dépendance auxquelles elle est confrontée, que sur un fils qu’on connaît peu finalement, ou alors au travers d’une maman aimante et engagée qui se débat comme elle peut et tente, en symbiose avec lui, de sortir la tête de l’eau pour quelques rares respirations…

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