Si les usages de crack (cocaïne basée) semblent se développer sur l’ensemble du territoire national, le cas de la région parisienne n’est pas comparable à ce qui est observé dans le reste de la France. Les usagers y apparaissent nettement plus concentrés et l’usage visible concerne une population qui, dans sa grande majorité, se trouve dans une situation de vulnérabilité sociale extrême. La cocaïne basée y est l’objet d’une accessibilité sans faille et même croissante, en particulier pour les usagers les plus fragiles. Enfin, le produit y est exclusivement dénommé crack, focalisant toutes les représentations négatives attachées au monde des drogues : sous-produit de la cocaïne, considéré comme fortement adultéré et addictif, il représente en quelque sorte, la « drogue du pauvre », conduisant à la déchéance sociale.
Ce document propose un éclairage sur les évolutions récentes à Paris et dans la zone limitrophe de Seine-Saint-Denis, à partir des données du site TREND Paris recueillies de 2011 à 2017 enrichies d’une extension en Seine-Saint-Denis en 2017, des données franciliennes de l’enquête ENa-CAARUD, menée à quatre reprises entre 2008 et 2015 dans les Centres d’accueil et accompagnement à la réduction des risques pour les usagers de drogues (CAARUD) et des données d’activités de plusieurs CAARUD parisiens. Après s’être intéressé au produit lui-même, ce numéro de Théma évoquera les évolutions du marché du crack francilien, la diversification progressive des profils des usagers, les modalités d’usage, et finalement, rappellera succintement l’impact des consommations.