
« L’addiction au travail questionne sur le monde moderne ! Dans une société où l’on peut être sollicité 24 h/24 h, où il y a une confusion des limites, où les frontières entre vie privée et vie professionnelle ont tendance à s’estomper, comment être en alerte sur le risque de développer une addiction au travail ? ».
« L’addiction au travail questionne sur le monde moderne ! Dans une société où l’on peut être sollicité 24 h/24 h, où il y a une confusion des limites, où les frontières entre vie privée et vie professionnelle ont tendance à s’estomper, comment être en alerte sur le risque de développer une addiction au travail ? ».
Marie Bronnec psychiatre addictologue, professeure de psychiatrie et d’addictologie à la Faculté de médecine de Nantes Université, nous partage son regard d’experte sur une addiction encore trop insuffisamment identifiée et reconnue, au cœur d’une société de plus en plus « sans limites ».
L’addiction au travail, de quoi s’agit-il ?
Il est question d’un rapport pathologique au travail qui se manifeste par un hyper-engagement, un hyper-investissement. Mais attention, ce n’est pas la quantité de travail effectuée qui définit l’addiction, mais bien davantage le rapport même que la personne entretient avec le travail. Il devient indispensable à son équilibre de vie, lui permet d’éprouver du plaisir, puis d’éviter de se sentir mal. Elle ne peut plus s’en passer, cela devient la seule solution pour aller bien et être satisfaite.
L’organisation du travail peut-elle conduire à cette addiction ?
Elle y contribue, mais cette addiction est multifactorielle et relève aussi de la vulnérabilité individuelle, du contexte dans lequel la personne se construit, évolue, même si la manière d’organiser le travail participe à l’apparition et au maintien de cette addiction :
Une grande latitude d’organisation (cadres, professions libérales…)
Une organisation du travail déséquilibrée (une hiérarchie qui encourage, banalise le travail hors des heures habituelles)
L’esprit de compétition (entre collaborateurs d’un service)
La valorisation narcissique (manque de confiance et d’estime de soi). Certaines personnes peuvent trouver dans le travail une réponse à une faible estime de soi : valorisation, utilité…
Des risques pour la santé ?
Ils sont multiples, à la fois physiques et psychiques : épuisement, stress, difficulté d’endormissement, sommeil de mauvaise qualité, anxiété, dépression, troubles psychiatriques, pathologies somatiques, hypertension…
Le « workaholisme » peut aussi entraîner d’autres troubles addictifs : alcool, tabac, médicaments…
Par ailleurs, l’addiction au travail peut impacter la vie familiale et sociale : isolement, conflits avec l’entourage, perte d’investissement dans les activités domestiques et de loisirs.
Retrouvez un article de l’Institut Fédératif des Addictions Comportementales (IFAC) pour mieux comprendre et surmonter l’addiction au travail : https://www.addictaide.fr/pro/mag/comprendre-et-surmonter-laddiction-au-travail/
Muriel Gutierrez (Amande épicée)