Alcool et cannabis : pour la création d’un traité international, à l’instar de ce qui a été fait pour le tabac

Dans la revue Nature Medicine, des auteurs en appellent l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

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Des auteurs appellent l'OMS à la création d'un traité international sur l'alcool et le cannabis à l'instar de ce qui a été fait pour le tabac

En 2003, l’Assemblée mondiale de la santé a adopté à l’unanimité la Convention-cadre de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la lutte antitabac (CCLAT), une initiative cruciale visant à réduire la consommation de tabac à l’échelle mondiale. À la suite de son adoption, de nombreux pays ont mis en œuvre la CCLAT de l’OMS, ce qui a contribué à une baisse marquée de la consommation de cigarettes dans le monde. Les pays qui ont mis en œuvre la CCLAT de l’OMS et augmenté les taxes sur le tabac d’au moins 10 % ont observé une réduction plus prononcée du nombre de fumeurs et des taux de prévalence que les pays qui n’ont pas mis en œuvre la CCLAT de l’OMS. Dans ces 170 pays, on ainsi assisté à la disparition de 24 millions de jeunes fumeurs et 2 millions de personnes supplémentaires ayant réussi à arrêter de fumer. Cette baisse de la consommation de tabac devrait contribuer à une augmentation de l’espérance de vie mondiale.

Toutefois, il convient de prêter attention au remplacement d’une substance psychoactive par une autre. Des recherches récentes indiquent que, malgré la baisse globale de la consommation mondiale de tabac, on observe une augmentation correspondante des taux de consommation d’alcool et de cannabis. Plus précisément, la consommation mondiale d’alcool par adulte est passée de 5,9 litres en 1990 à 6,5 litres en 2017, et les projections suggèrent une nouvelle augmentation à 7,6 litres d’ici 2030 dans 189 pays. Tout comme l’alcool, la consommation mondiale de cannabis a également augmenté, en particulier en Europe, où la prévalence de la consommation rapportée sur le mois précédent a augmenté de 27 % par rapport à une base de référence de 3,1 % entre 2010 et 20193.

Cette augmentation de la consommation s’accompagne d’une augmentation des problèmes de santé liés au cannabis, comme en témoigne l’augmentation du taux de traitement des problèmes liés au cannabis pour 100 000 adultes, qui est passé de 27 % en 2010 à 35,1 % en 2019. Les tendances mondiales prévues suggèrent une augmentation continue des problèmes de santé liés au cannabis jusqu’en 2030. La consommation excessive d’alcool et de cannabis, en particulier lorsqu’elles sont combinées, nuit à la santé cérébrale en perturbant l’équilibre neurochimique, en favorisant la neuroinflammation et en induisant un stress oxydatif. Ces facteurs accélèrent le vieillissement cérébral, altèrent les fonctions cognitives et augmentent la vulnérabilité aux maladies neurodégénératives telles que la maladie d’Alzheimer et d’autres formes de démence.

Ces développements soulignent la nécessité urgente pour l’OMS de réunir les États membres et de créer un traité international réglementant la consommation d’alcool et de cannabis, en s’appuyant sur le succès de la CCLAT de l’OMS. Un tel traité contribuerait à prévenir la consommation de substances et à promouvoir une taxation rigoureuse afin de soutenir les initiatives mondiales en matière de santé cérébrale, qui souffrent d’un manque de financement, en particulier en Afrique. Si rien n’est fait, l’augmentation de la consommation d’alcool et de cannabis pourrait entraîner des pertes économiques considérables en détériorant la santé cérébrale, car ces deux substances sont liées à un vieillissement cérébral accéléré, à une altération des fonctions cognitives et à des maladies neurodégénératives. Il existe une opportunité cruciale de forger un traité mondial complet visant à réduire la consommation d’alcool et de cannabis afin d’améliorer la santé cérébrale à l’échelle mondiale.

En savoir plus : https://www.nature.com/articles/s41591-025-03764-x