Alcool et cocaine : le cerveau trinque

La consommation chronique de cocaïne est associée à une altération des fonctions cognitives. Toutefois, les consommateurs de cocaïne présentent fréquemment en parallèle un trouble de l’usage d'alcool, qui peut lui-même produire des troubles cognitifs significatifs.

Alcool

La consommation chronique de cocaïne est associée à une altération des fonctions cognitives. Toutefois, les consommateurs de cocaïne présentent fréquemment en parallèle un trouble de l’usage d’alcool, qui peut lui-même produire des troubles cognitifs significatifs. Les auteurs de cette étude ont donc chercher à examiner l’effet confondant potentiel de la consommation d’alcool sur le fonctionnement cognitif des usagers de cocaïne et d’alcool, en les comparant avec des sujets qui ne consomment que de l’alcool seul et des sujets contrôles.

Dix-neuf usagers de cocaïne qui répondaient également aux critères du DSM-IV pour l’abus d’alcool/dépendance (14 hommes, 5 femmes ; âge moyen 38,65 ± 3,83 ans) et 20 individus appariés qui répondaient aux critères pour l’abus d’alcool/dépendance seulement (12 hommes, 8 femmes ; âge moyen 38,19 ± 4,82 ans) ont bénéficié d’une batterie de tests neuropsychologiques couvrant les fonctions exécutives, la mémoire, le langage et les fonctions visuospatiales après deux à quatre semaines d’abstinence d’alcool et/ou de cocaïne. Dix-neuf témoins sains appariés (8 hommes, 11 femmes ; âge moyen 37,01 ± 5,98 ans) ont également été testés pour servir de base de comparaison.

Les sujets du groupe cocaïne + alcool ainsi que ceux du groupe alcool seul ont obtenu des performances nettement inférieures aux sujets contrôles pour les fonctions exécutives (taille d’effet 2,13 et 2,57) et le fonctionnement de la mémoire (taille d’effet 0,58 et 1,06). Les résultats étaient par contre similaires pour le langage (taille d’effet 0,92 et 1,69). Pour les tâches de langage, les sujets consommateurs de cocaïne et d’alcool ont en outre obtenu des résultats meilleurs que les sujets qui ne consommaient que de l’alcool. Les deux groupes de patients étaient déficitaires pour deux des cinq tests visuospatiaux, avec une meilleure performance du groupe cocaïne + alcool sur l’un d’entre eux.

Les auteurs en concluent que l’abus chronique de cocaïne ne semble pas, d’après ces résultats, associé à une altération cognitive spécifique et supplémentaire par rapport à celle qui peut être attribuée à l’abus d’alcool coexistant. La consommation d’alcool doit donc être considérée chez les patients pris en charge pour un trouble de l’usage de cocaïne.

Toutefois, il semblerait utile de réaliser un travail similaire avec une population plus large et en intégrant un groupe de patient ne consommant que de la cocaïne pour mieux évaluer les troubles cognitifs qui seraient propres à la cocaïne.

 

 

 

Nicolas Cabé

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