Qui peut m’aider ?

Certaines personnes réussissent à réduire leur consommation ou, même, à arrêter totalement de boire sans aucune aide extérieure. Il est difficile, même pour un médecin, de savoir à l’avance si quelqu’un est en mesure ou non d’arrêter seul. En général, les personnes qui réussissent à se sevrer seule sont des personnes qui présentent une addiction légère ou modérée, n’ont pas de longue année d’alcoolisation derrière elles, disposent d’un bon réseau de soutien et ont une santé mentale plutôt au beau fixe malgré leur problème d’alcool.

Malgré tout, arrêter de boire seul est difficile notamment pour les personnes qui ont une consommation chronique depuis plusieurs années et qui présentent une addiction sévère, surtout si elles ont des problèmes sociaux, professionnels et/ou familiaux, et des comorbidités psychiatriques. Mais chaque situation est différente.

Quel que soit votre projet, que vous envisagez de modifier votre mode de consommation, en buvant moins ou en réorganisant votre façon de boire de manière à réduire les risques, ou que vous souhaitiez arrêter temporairement ou définitivement l’alcool, il est toujours utile de consulter un professionnel de santé ou de vous rendre dans une structure spécialisée. Vous pouvez, en premier recours consulter votre médecin traitant ou un autre professionnel de santé. Mais il est tout à fait possible de vous adresser directement à une structure spécialisée, à un addictologue exerçant en libéral ou encore à un service hospitalier ou dans un CSAPA (Centres de Soin, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie).

Si vous avez moins de 25 ans (ou légèrement plus) ou que vous vous inquiétez pour un jeune de votre entourage, vous pouvez contacter une consultation jeune consommateur (CJC).

Enfin, sachez qu’il existe des centres résidentiels qui vous permettront de vous couper du monde extérieur le temps d’une cure et/ou dans le cadre de soins de suite.

Vous pouvez également rejoindre une association d’entraide ou encore solliciter un patient expert addictions ou une aide à distance. L’important pour vous est de trouver le bon interlocuteur, qui sera à l’écoute, vous respectera et vous aidera à atteindre l’objectif que vous vous serez fixé. 

Médecin traitant et autres professionnels de premier recours

Votre médecin de famille est l’interlocuteur idéal avec lequel parler de votre problème d’alcool (ou de celui d’un proche). Il vous écoutera sans juger. Il est tenu au secret médical. Il n’informera donc pas vos proches, sauf si vous le lui demandez. Si vous ne souhaitez pas en parler avec votre médecin, voici une liste, non exhaustive, d’autres professionnels que vous pouvez solliciter. Les professionnels de santé disposent en effet d’outils scientifiquement validés permettant, en quelques questions, d’évaluer la gravité de votre addiction, et de réaliser une intervention brève qui vous aidera à savoir où vous en êtes et les options qui s’offrent à vous. Il peut arriver qu’un professionnel n’ai pas la compétence requise. Mais en théorie, tous ces professionnels de santé sont en mesure de vous écouter, vous conseiller et vous orienter.

  • Psychiatre,
  • Psychologue,
  • Médecin spécialiste (gastro-entérologue, ORL, dentiste, gynécologue..),
  • Pharmacien,
  • Dentiste,
  • Infirmier,
  •  Sage-femme,
  • Kinésithérapeute et tout professionnel du paramédical,

Certains travailleurs sociaux (assistante sociale, éducateur, éducateur spécialisé…) sont formés au repérage des troubles de l’usage d’alcool. Si vous êtes usager d’un centre social ou d’une autre structure (par exemple un centre d’hébergement et de réinsertion sociale – CHRS), vous pouvez solliciter le personnel de l’établissement. D’autres personnes, comme les agents de probation, les conseillers en missions locales, les équipes de santé au travail, les infirmières scolaires ou encore les responsables des services de santé universitaires sont en mesure de vous aider.

Structures spécialisées en addictologie

Il existe, dans la plupart des départements français, des structures spécialisées en addictologie et en alcoologie (CSAPA, CAARUD ou CJC). Ces consultations sont gratuites et anonymes. Vous pouvez contacter la structure la plus proche de chez vous, pour demander un rendez-vous avec un addictologue, et ceci quel que soit votre projet. Ces structures répondront à votre demande, qu’il s’agisse de réduire votre consommation d’alcool, de la réorganiser pour minimiser les risques ou d’arrêter totalement de boire. Les délais, malheureusement, sont parfois un peu longs (allant de quelques jours à quelques semaines). La prise en charge est anonyme et gratuite. Il n’est pas nécessaire d’avoir un courrier d’orientation de votre médecin traitant. Vous y rencontrerez des équipes pluridisciplinaires (médecins, psychiatres, psychologues, assistantes sociales, nutritionnistes…). Le premier entretien est, en général, l’occasion de faire un bilan de votre rapport à l’alcool, tant sur le plan biologique que psychologique et social. Il s’agira de réfléchir aux répercussions sociales et médicales de votre usage d’alcool et, si besoin, d’envisager des interventions multidisciplinaires (psychologue, assistante sociale, éducateur). La prise en charge en addictologie nécessite généralement un accompagnement à long terme incluant différentes formes de traitements (sevrage, médicaments, psychothérapie, thérapies familiales…). Vous pouvez bénéficier, au choix, d’un accompagnement individuel ou collectif, voire les deux. 

Les Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) sont présents dans tous les départements français. Après un premier entretien d’évaluation, l’équipe vous proposera un accompagnement personnalisé, sous la forme de rendez-vous réguliers, en tête à tête avec un professionnel de santé ou bien dans le cadre d’ateliers collectifs, avec d’autres personnes engagées, comme vous, dans une démarche de changement. Il se peut que le CSAPA vous oriente, en fonction de votre état de santé vers un service hospitalier susceptible de vous accueillir, en ambulatoire ou en hospitalisation, pour un sevrage ou pour la prise en charge d’un éventuel problème de santé (cirrhose, pancréatite, trouble psychiatrique…) Mais l’accompagnement par l’équipe du CSAPA ne cessera pas pour autant. Vous pourrez continuer, même après la période de sevrage, à vous rendre régulièrement dans ce centre. Enfin, notez que les CSAPA proposent aussi une prise en charge et un accompagnement des membres de votre entourage.

Les Centres d’accueil et d‘accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues (CAARUD) accueillent eux aussi toute personne en difficulté avec l’alcool ou avec un autre produit. Les équipes des CAARUD sont tout particulièrement formées à l’accompagnement social des personnes en situation de précarité. Elles sont également en mesure de vous conseiller si vous êtes aussi utilisateur de drogues illicites, et notamment de drogues injectables, et que vous cherchez des solutions pour réduire vos risques lorsque vous consommez. Vous aurez notamment accès à du matériel de réduction des risques et à un soutien à l’accès aux soins.

Les Consultations jeunes consommateurs (CJC) sont des lieux d’accueil et d’écoute destinés aux jeunes de moins de vingt-cinq ans et à leurs proches. La prise en charge proposée est elle aussi anonyme et gratuite. Les professionnels des CJC sont en mesure de répondre à vos préoccupations concernant vos difficultés (ou celles d’un proche) avec l’alcool ou avec tout autre produit ou comportement addictif (tabac, cannabis et autres drogues illicites, addictions aux jeux d’argent et de hasard, aux jeux vidéo, addictions aux écrans…). Un premier entretien vous permettra de faire le point sur votre situation, de manière globale. Vous pourrez évoquer, au-delà de l’alcool et des autres conduites addictives, l’ensemble de vos difficultés (personnelles, familiales, financières, sociales, scolaires, de logement ou de santé…). Un accompagnement pouvant aller de quelques semaines à plusieurs mois pourra vous être proposé. Les proches de jeunes consommateurs bénéficieront eux aussi d’une écoute et de conseils personnalisés, par téléphone ou en présentiel. Ils pourront se rendre aux entretiens seuls ou accompagnés du jeune concerné avec son accord.

Addictologues exerçant en libéral

Certains professionnels de santé (médecin, psychiatres..) se sont formés et exercent en tant qu’addictologue en libéral. Ces professionnels sont en mesure de vous aider à résoudre votre problème d’alcool. Ils utilisent pour cela des méthodes scientifiquement validées. Leur travail consiste à vous permettre d’engager un changement pour atteindre votre objectif. Cet accompagnement n’est pas gratuit.

Services hospitaliers 

Il existe dans certains hôpitaux (et dans des cliniques privées) des unités d’addictologie proposant des consultations externes (vous pouvez vous y rendre en journée). Certains établissements proposent des formules d’hospitalisation de courtes durées dédiées au sevrage d‘alcool même si celui-ci, dans certains cas, peut se faire à la maison ou en ambulatoire. En général, il est proposé aux patients, à la suite de leur hospitalisation pour sevrage, de passer quelque temps dans un service de soins de suite et réadaptation. Cela permet à la personne de prendre le temps de regagner en autonomie, et de se préparer à sa nouvelle vie, sans alcool. Sachez, enfin, que si vous (ou un de vos proches) êtes/est hospitalisé, pour quelque motif que ce soit, vous pouvez demander à rencontrer un professionnel de l’Équipe de liaison et de soins en addictologie (ELSA). Le rôle des professionnels ELSA est de vous aider à faire le point sur votre consommation et de réfléchir avec vous à un projet de soins. Les ELSA ont aussi pour mission de sensibiliser les autres professionnels de santé (ils ne sont pas tous formés en addictologie) de façon à s’assurer que votre situation personnelle est prise en compte de manière adaptée.

Centres résidentiels

 Certaines personnes, lorsqu’elles décident d’arrêter de boire de l’alcool ou de modifier leurs habitudes de consommation, ressentent le besoin de se couper temporairement de l’extérieur. Il existe des structures de soins résidentiels proposant un hébergement (individuel ou collectif) et des activités thérapeutiques (psychothérapie, groupe de paroles…). L’idée est de changer de cadre, s’éloigner d’un milieu trop incitatif et prendre du recul, tout en bénéficiant, grâce aux programmes de soins, d’un accompagnement au changement de vie.

Trouver le bon interlocuteur

Il est important pour vous de trouver les bons professionnels, qui sauront vous accompagner sans vous juger. Les personnes alcoolo-dépendantes ont longtemps souffert, et souffrent encore, du regard d’autrui. Sachez que cette stigmatisation est intolérable, et n’a pas lieu d’être dans un cabinet médical. Voici les compétences et qualités que vous êtes en droit d’attendre de votre interlocuteur :

  • Être à votre écoute, en faisant preuve d’empathie et sans vous juger ;
  • Vous inviter à vous interroger sur votre situation de manière globale, sans se limiter à une évaluation du nombre de verres que vous buvez ;
  • Vous aider à faire le point et à réfléchir de manière globale, prendre du recul, envisager les bénéfices et les dommages de votre consommation d’alcool, et l’avantage qu’il y aurait, ou pas, à arrêter de boire ;
  • Vous conseiller et vous orienter (sans jamais décider à votre place) ;
  • Vous permettre d‘identifier en vous-même la motivation et les ressources qui vous permettront d’engager le changement, et de choisir, toujours par vous-même, les objectifs que vous souhaitez atteindre, ainsi que la manière dont vous allez vous y prendre ;

Si l’alliance thérapeutique n’atteint pas ses objectifs ou que vous ne vous sentez pas en confiance avec votre interlocuteur, voici des raisons qui devraient vous inciter à consulter quelqu’un d’autre : 

  • La personne que vous avez consultée vous prend de haut, vous juge, se montre sarcastique ou condescendante ;
  • La personne minimise votre problème, banalise votre consommation d’alcool, ne prend pas la mesure de ce que vous vivez ;
  • La personne vous fait la morale ;
  • La personne choisit pour vous une solution, sans tenir compte de votre avis ;
  • La personne ne respecte pas le secret médical ;
  • Ou toute autre situation qui vous met mal à l’aise, vous blesse et vous démotive dans votre projet.

Les associations d’entraide

Les professionnels de santé orientent quasi systématiquement leurs patients, aujourd’hui, vers une association d’entraide. Il est en effet démontré qu’être aidé par un pair ou par un groupe de pairs augmente les chances de rétablissement. Il existe en France de nombreuses associations d’entraide. Les bénévoles de ces associations apportent un soutien complémentaire à celui des soignants. Voici ce que ces associations, en général, proposent :

  • Un accompagnement individuel et personnalisé, grâce à un parrain ou une marraine qui sera votre interlocuteur / interlocutrice privilégié(e), et que vous pourrez solliciter à tout moment,
  • Des temps d’échange collectifs (en présentiel ou en visio),
  • Des ateliers thérapeutiques qui vous aideront à mieux connaître la maladie et le processus de rétablissement,
  • Des activités sociales et de loisir,
  • Des outils d’aide au quotidien (journal de bord, balance décisionnelle..),
  • Un accompagnement dans vos démarches de soins mais aussi pour tout ce qui concerne la réorganisation de votre vie (insertion sociale, logement..),
  • Des formations si vous souhaitez vous aussi vous impliquer bénévolement.

Beaucoup de ces associations proposent également des temps d’échange dédiés aux proches de malades alcoolo-dépendants. Certaines organisent des réunions spécifiques pour les conjoints, conjointes, parents ou amis.

Les patients experts addictions

Les patients experts addictions (PEA) sont des personnes qui ont connu l’addiction, à un produit ou à un comportement, se sont rétablies et se sont formées en addictologie. Leur rôle est de vous soutenir et vous conseiller dans votre démarche de réduction ou d’arrêt. Certains patients experts sont engagés dans des associations d’entraide. Beaucoup interviennent, ponctuellement ou régulièrement, dans des services hospitaliers ou des centres de soins. Des informations complémentaires sont disponibles auprès de France Patients experts addictions (FPEA)

L’aide à distance

Certaines personnes, parce qu’elles vivent en milieu rural éloigné, parce qu’elles sont peu mobiles ou tout simplement parce qu’elles préfèrent ce fonctionnement, choisissent de solliciter une aide à distance. 

  • Notre forum vous permet d’échanger avec des patients experts addictions. Il comprend de nombreuses discussions autour de l’alcool. Vous pouvez à tout moment rejoindre ces discussions, en créer une,  poser des questions, commenter, réagir… Les patients experts vous répondront dans les 24h. Toutes les communications sont sécurisées et anonymisées. 
  • Alcool info service propose une ligne téléphonique (0 980 980 930), un tchat et un forum de discussion dédié aux problèmes d’alcool. Tous les services proposés sont anonymes et gratuits. Les répondants sont spécialement formés. Ils sauront vous écouter, vous conseiller et vous orienter vers la structure ou le professionnel le plus proche de chez vous. 
  • Sur les réseaux sociaux, il existe des groupes de discussion privés destinées aux personnes en difficulté avec l’alcool et aux membres de l’entourage. Par exemple, le groupe Facebook Addictions et Alcool , ensemble on est plus forts , accompagne toute l’année les personnes qui souhaitent se faire aider. Les principes fondamentaux de ces groupes sont l’entraide, la bienveillance et le respect mutuel

Il peut être utile, enfin, de lire des livres sur l’alcool (comme par exemple des témoignages de personnes ayant arrêté de boire, des ouvrages de vulgarisation scientifique ou encore des manuels pratiques), et de vous renseigner sur cette addiction, en écoutant des podcasts ou en effectuant des recherches sur Internet. Vous pouvez consulter le livre “Journal d’une polyaddicte libérée” de Sandra Pinel ou L’alcoolisme au feminin de Laurent Karila.

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