Amende forfaitaire stupéfiants : la fausse bonne idée ?

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Depuis le mardi 1er septembre, le Ministère de l’Intérieur a mis en place un système d’amende forfaitaire sur l’ensemble du territoire après des tests dans certaines villes de France. Le montant de l’amende s’élève à 200€ et sera mis en place pour usage et détention de stupéfiants. L’amende sera minorée à 150€ si payée dans les 15 jours et majorée à 450 en cas de retard. La sanction sera également inscrite dans le casier judiciaire du contrevenant.

Le but de cette amende est d’alléger le travail des forces de l’ordre en leur permettant d’appliquer une sanction sans délai qui ne nécessite pas de démarches administratives et qui pourra désengorger les tribunaux.

Cette démarche s’inscrit aussi dans une volonté de responsabilisation des consommateurs, Mr Darmanin a déclaré que ces derniers contribuaient à faire vivre le trafic en achetant des produits stupéfiants.

Avec cette mesure, la France fait un pas de plus vers le tout répressif en matière de drogues et espère pouvoir assécher le trafic, rien n’est moins sûr…

Au moment où d’autres pays font le choix de la dépénalisation voire de la légalisation du cannabis, nous restons enfermés dans des réponses de plus en plus strictes qui ne semblent pas fonctionner, les Français étant parmi les plus gros consommateurs de cannabis d’Europe.

Le gouvernement aurait-il peur de paraître prosélyte en adoptant une autre stratégie ?

De nombreux addictologues se sont prononcés dans la presse récemment, se montrant sceptiques envers cette mesure qui selon eux éloigne toute perspectives de réduction des risques ou d’accès aux soins. Ainsi d’après Marie-Jauffret Routside (INSERM) dans 20 minutes la répression des usages « n’a aucun sens et doit fondamentalement être remise en cause. Ce sont les dommages liés à l’usage de drogues qui doivent être l’objet d’attention, par une politique volontariste de réduction des risques et de prévention. »

A l’heure où un groupe d’élus se mobilisent pour une expérimentation de la dépénalisation du cannabis dans les colonnes de l’Obs, nous ne pouvons que demeurer sceptiques face à cette réponse gouvernementale sur ce sujet sociétale, politique et sanitaire.

Affaire à suivre.