Bénéfices du baclofène dans l’addiction à l’alcool avec maladie alcoolique du foie : résultats concluants d’un nouvel essai thérapeutique

La prescription de baclofène dans le trouble de l’usage d’alcool a fait l’objet de débats animés entre la communauté scientifique et addictologique et d’une manière plus générale d’un débat dans la société actuelle. Faisant suite aux essais français démontrant l’intérêt du baclofène pour réduire les consommations d’alcool chez des patients dépendants, il était nécessaire d’avoir des données issus d’autres pays et testant ce traitement dans d’autres populations cliniques afin d’alimenter le débat.

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La prescription de baclofène dans le trouble de l’usage d’alcool a fait l’objet de débats animés entre la communauté scientifique et addictologique et d’une manière plus générale d’un débat dans la société actuelle. Faisant suite aux essais français démontrant l’intérêt du baclofène pour réduire les consommations d’alcool chez des patients dépendants, il était nécessaire d’avoir des données issus d’autres pays et testant ce traitement dans d’autres populations cliniques afin d’alimenter le débat. Les patients souffrant de trouble de l’usage d’alcool ont fréquemment des atteintes hépatiques, mais l’efficacité et le profil de tolérance du baclofène dans cette population n’avait, jusqu’à présent, pas été évaluée.

Cette étude australienne, qui utilise une méthodologie robuste (essai randomisé double aveugle contre placebo), apporte des arguments intéressants pour affirmer que le baclofène peut également être efficace chez les patients souffrant de trouble de l’usage d’alcool et ayant une maladie hépatique. Les patients de cette étude se sont ainsi vus attribuer (en double aveugle) soit le placebo, soit du baclofene à 30 mg/J, soit du baclofène à 75 mg/j pendant une durée de 12 semaines. L’efficacité du traitement était évaluée par le délai avant une reconsommation, le délai avant une rechute (5 verres standard ou plus chez les hommes, 4 verres ou plus chez les femmes), le nombre de verres standard par jour, le nombre de jours de forte consommation et le pourcentage de jours avec une abstinence (pendant cette période de 12 semaines).

 

Ce travail a démontré que la prescription de baclofène (vs. Placebo) était associée à un allongement du délai avant reconsommation et avant rechute, ainsi qu’un plus grand pourcentage de jours sans consommation (43% pour le placebo vs. respectivement 69 et 65% pour le baclofène à 30 mg et à 75 mg/j). Il faut également noter que les tailles d’effet sont robustes (coefficient d de Cohen entre .52 et .56, ce qui est indicateur d’un effet « moyen », important en médecine). Seul un effet indésirable sévère a été noté (surdosage).

 

Cette étude démontre que le baclofène est une option thérapeutique intéressante et efficace pour les patients souffrant de trouble de l’usage d’alcool et présentant une maladie alcoolique du foie. Les auteurs de cet articles recommandent que ce traitement doit faire l’objet, dans cette population, d’une prescription préférentielle par des spécialistes du fait du risque d’effets secondaires qui nécessitent une surveillance particulière.

 

Ce travail apporte des éléments supplémentaires en faveur de l’intérêt du baclofène dans le trouble de l’usage de l’alcool. Cette molécule étant principalement éliminée par voie rénale, elle constitue une thérapeutique de choix pour les patients souffrant de trouble de l’usage de l’alcool et d’une maladie alcoolique du foie. Des études seraient intéressantes avec de plus fortes posologies, notamment pour répondre au débat actuel sur la pertinence ou non de limiter les posologies en AMM/RTU à 80mg/j. On notera également qu’outre les bénéfices du baclofène, ce travail rappelle l’efficacité d’un simple suivi sur les consommations d’alcool : chez les patients traités par placebo, un suivi s’accompagnait d’une diminution des consommations avec environ la moitié des jours sans consommation d’alcool

 

 

Par Paul Brunault

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