Buprénorphine, de nouvelles formes à la conquête de Bupréland

Beaucoup de nouvelles formes sont effectivement en cours d’enregistrement auprès des Autorités de Santéfrançaise et européennes et le marché français, en particulier, attire les firmes pharmaceutiques, surtout étrangères.

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Beaucoup de nouvelles formes sont effectivement en cours d’enregistrement auprès des Autorités de Santéfrançaise et européennes et le marché français, en particulier, attire les firmes pharmaceutiques, surtout étrangères. Avec ses 100 000 patients recevant un TSO à base de buprénorphine, ce marché a de quoi en effet aiguiser les appétits de firmes, connues ou pas encore, présentes dans le champ des addictions.

En effet, la France est devenue en quelque sorte la patrie de la buprénorphine haut dosage en ayant été le premier pays à accueillir Subutex® (février 1996) et en créant les conditions de son hégémonie (primoprescription en médecine de ville = 2/3 des patients sont substitués par la buprénorphine haut dosage pour 1/3 substitués par la méthadone). Mais elle est aussi une zone de sanctuarisation de ce même Subutex® qui a résisté plus qu’ailleurs à l’arrivée des génériques.

Des Laboratoires comme Arrow et Mylan n’ont pas ménagé leurs efforts. De judicieux dosages intermédiaires, une promotion par des délégués pharmaceutiques et médicaux et une volonté de conquérir ce marché de 100 millions d’euros, nous dit-on, avec des moyens et méthodes inhabituelles pour ces entreprises du générique.

Mais, rien de tout cela n’a pu entamer le moral et le portefeuille des actionnaires de Schering-Plough, puis Reckitt-Benckiser devenu Indivior. A peine 20% de délivrance de générique de Subutex®, médecins et patients préférant l’original à la copie. Habituellement, quand un médicament perd son brevet, c’est plutôt 80 à 90% des délivrances du médicament de marque qui sont substituées par le générique, quand le médecin ne prescrit pas directement en DCI (Dénomination Commune Internationale), ce qui est de plus en plus fréquent. Il faut noter également la mauvaise réputation du générique qui a contribué à freiner son implantation.

En effet, les risques majorés en cas d’injection, vérifiés par le CEIP de Nantes [1], ont fait planer le doute sur sa dangerosité en cas d’injection … et, par la même occasion, ont fait chuter sa valeur marchande sur le marché parallèle ! Même si le fabricant a reformulé la composition et que les génériques
de buprénorphine sont désormais à risque égal avec Subutex®, le mal a été fait et leur réputation définitivement entachée.

C’est surtout en prison que l’on peut se voir délivrer des génériques de Subutex®, c’est-à-dire dans un lieu de non-choix pour le patient, voire pour le médecin, fournis par une pharmacie hospitalière qui achète, comme pour les autres classes de médicament, au prix le plus bas !