Chemsex : comment aider ses proches ?

Autres drogues

Damien savait que son petit copain s’amusait parfois le week-end avec d’autres, mais il n’avait jamais eu de détails, et il ne voulait pas en avoir. Puis un matin, il l’a surpris en train de prendre de la 3-MMC, une nouvelle drogue de synthèse, comme ça, en pleine semaine, entre le café et les croissants. Son mec était chemsexeur – c’est à dire qu’il prenait certains stupéfiants dans un cadre sexuel (lire notre interview du docteur Aslan pour comprendre le phénomène) – et il avait commencé à glisser, comme 20 à 30%  de ses acolytes consommateurs. Damien a parlé de longues heures au téléphone avec des médecins pour comprendre ce phénomène qui s’était glissé dans son couple, et a fini par mettre son petit copain devant le fait accompli : « C’est ça, ou moi ». Il a eu gain de cause, un temps. Jusqu’à ce que son mec lui dise que, finalement, ce sera « ça ».

Après la publication de l’article « Chemsex, l’épidémie qui vient » les témoignages ont afflué dans Sa boite mail. « Mon meilleur ami », « mon mec », « notre pote de promo »… et derrière, la même question : comment faire pour aider ? Il n’existe malheureusement pas de recette miracle, car comme pour toutes les addictions, l’impulsion ne peut venir que de la personne concernée. On n’en sort pas quelqu’un contre son gré, surtout si la personne est persuadée de gérer sa consommation (et c’est d’ailleurs parfois le cas). Toutefois, il existe quelques gestes simples pour accompagner un proche lorsqu’on a l’impression que sa consommation l’a dépassé.

Écouter

« Ne sous-estimez pas le pouvoir de l’écoute. Posez des questions ouvertes. Vous n’avez pas besoin de savoir quoi faire, juste faites savoirs à ceux que vous aimez qu’ils n’ont pas à traverser ça seuls. Dites-leur que vous voulez les comprendre. Maintenez-les dans un espace safe. » Celui qui prodigue ces conseils plein de bon sens sait de quoi il parle : Adam a été accro pendant plusieurs années au crystal meth. Il a arrêté le chemsex il y a deux ans et dans son processus de reconstruction, le yoga l’a beaucoup aidé. Au point qu’il a monté des cours spécialement dédiés à des chemsexeurs sur la voie de l’abstinence (disponibles en anglais sur Zoom, 5 euros la séance). Libérer la parole et l’écoute est en effet non seulement la première étape, mais aussi sans doute la plus importante : personne ne viendra chercher de l’aide s’il sent une réticence en face.

« L’attitude à avoir n’est pas propre au chemsex, mais à l’ensemble des usages problématiques de drogues », complète Hélène Donnadieu-Rigole, addictologue à Montpellier et spécialiste du sujet : « L’idée est d’être dans une posture d’accompagnement : nous ne sommes pas soignants, nous sommes un ami, un compagnon, une personne qui a de l’affect. »

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