La cigarette électronique constitue-t-elle un « mode d’entrée » dans le tabagisme chez les jeunes ?

Une revue systématique parue dans "Addiction".

Tabac
Cigarettes électroniques usage ultérieur tabac chez jeunes

Image de freepik

Parmi les critiques habituellement faites à la vape, l’une des plus importantes est que la cigarette électronique constituerait un « mode d’entrée » dans le tabagisme. Cette revue (synthèse) systématique de la littérature réalisée par des auteurs anglais et américains a recherché les preuves d’une relation entre l’utilisation d’e-cigarettes et l’usage ultérieur de tabac chez les jeunes (≤29 ans), et si cette éventuelle relation différait en fonction de caractéristiques démographiques.

La revue systématique s’est faite avec des graphiques d’orientation acycliques ou DAG. La recherche des publications scientifiques d’intérêt s’est arrêtée en avril 2023. La sélection, l’extraction des données et l’évaluation critique ont suivi les méthodes Cochrane. Le critère principal était l’association entre l’utilisation de l’e-cigarette, sa disponibilité, ou les deux, et le changement du taux de tabagisme dans la population chez les jeunes. Les critères secondaires d’évaluation étaient l’initiation, la progression et l’arrêt du tabagisme au niveau individuel. Les auteurs ont mesuré le niveau de certitude de leurs résultats à l’aide de la méthode GRADE (Grading of Recommendations, Assessment, Development and Evaluations).

Au total, les auteurs ont inclus 126 études. Pour le critère principal d’évaluation, il existe des preuves de très faible certitude (limitées par le risque de biais et d’incohérence) suggérant que l’utilisation et la disponibilité de l’e-cigarette sont inversement associées à l’usage ultérieur de tabac chez les jeunes (c’est-à-dire que lorsque les e-cigarettes deviennent plus disponibles et/ou sont utilisées plus largement, les taux de tabagisme chez les jeunes diminuent ou, inversement, lorsque les e-cigarettes sont restreintes, les taux de tabagisme chez les jeunes augmentent). Tous les résultats secondaires ont été jugés très peu fiables en raison d’un risque de biais très important. Peu d’informations ont permis de déterminer si les relations variaient en fonction des caractéristiques sociodémographiques.

En conclusion, au niveau individuel, des données de certitude très faible suggèrent que le vapotage et le tabagisme chez les jeunes pourraient être inversement liés. Cela semble contrevenir à l’idée que la vape incite à l’usage ultérieur de tabac, mais plutôt que les personnes vapent au lieu de fumer, et réciproquement.

Synthèse réalisée par Benjamin Rolland

En savoir plus : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/39888213/