
« Drogue stimulante, la cocaïne est extrêmement cardiotoxique et neurotoxique. Le risque d’accidents coronariens est multiplié par 24, une heure après une prise, même dès la première ! Après l’alcool, c’est la drogue qui induit le plus de dépressions et de tentatives de suicide chez les personnes les plus vulnérables. »
Effets cliniques et complications de l’addiction à la cocaïne, le Pr Laurent Karila, psychiatre addictologue à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif (AP-HP), auteur du podcast Addiktion, notre expert du mois, revient sur une addiction aux multiples conséquences sur la santé physique et mentale !
Euphorie, stimulation, accélération des pensées, excitation physique, voici les effets connus les plus recherchés par les consommateurs de cocaïne, avec un usage qui peut être détourné dans le cadre de conduites dopantes : conditions de travail générant du stress, recherche de performances sexuelles…
Ce qu’il faut savoir, c’est que les conséquences de la consommation de cocaïne peuvent être immédiates, variées et générer de graves complications cardiaques (accident coronarien, troubles du rythme) et neurologiques (crises d’épilepsie, AVC…).
Snifée, la cocaïne provoque des lésions de la cloison nasale, du palais.
À cela s’ajoutent des complications infectieuses liées au partage de matériel et à la désinhibition induite par la cocaïne (relations sexuelles non protégées).
Sur le plan de la santé mentale, la cocaïne peut engendrer un phénomène de paranoïa, des épisodes délirants aigus, des attaques de panique, une dépression voire des conduites suicidaires.
Si des solutions existent pour traiter la dépendance à la cocaïne, le programme est long et lourd, mais il offre des résultats significatifs s’il est bien structuré. Il ne faut pas se focaliser uniquement sur la cocaïne, mais aussi sur les racines et les autres complications.
Depuis 2009, je coordonne un programme de soins sur 12 mois (traitements médicamenteux, entretiens motivationnels, thérapie cognitive et comportementale, soutien psychothérapeutique, prise en charge des complications et des comorbidités somatiques et psychiatriques) avec des étapes à atteindre à 3, 6, 9 et 12 mois. D’abord ambulatoire, on recourt à l’hospitalisation si besoin. Ce programme de soins s’appuie sur les compétences complémentaires d’une équipe pluridisciplinaire : médecins, infirmières spécialisées en addictologie, psychologues…
Muriel Gutierrez (Amande épicée)