Comment les multinationales de l’industrie du tabac utilisent Twitter pour polir leur image publique : une étude publiée dans Tobacco Control

L’industrie du tabac a une longue tradition de lobbying visant à s’opposer aux politiques de contrôle publique et à la promotion de pratiques présentées comme étant socialement responsables. Avec l’essor des réseaux sociaux comme Twitter, l’industrie du tabac dispose désormais de moyens de communication rapides et faciles pour diffuser ce type de discours.

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L’industrie du tabac a une longue tradition de lobbying visant à s’opposer aux politiques de contrôle publique et à la promotion de pratiques présentées comme étant socialement responsables. Avec l’essor des réseaux sociaux comme Twitter, l’industrie du tabac dispose désormais de moyens de communication rapides et faciles pour diffuser ce type de discours.

 

Dans cette étude originale réalisée par des spécialistes en santé publique de l’Université de Sydney, en Australie, les auteurs ont recensé et analysé tous les tweets publiés par la British American Tobacco, l’Imperial Brands PLC, Philip Morris International, et la Japan Tobacco International. Ils ont classé ces tweets en 30 catégories spécifiques en fonction de leur contenu et de leur thématique.

 

Au total, 3301 tweets ont été analysés. Environ un tiers des tweets consistaient à critiquer ou s’opposer aux politiques de contrôle internationales du tabac. Entre 18,4% et 29,1% des tweets visaient à promouvoir une image d’acteur socialement et écologiquement responsable. Les autres tweets concernaient des opportunités professionnelles, la mise en valeur des employés de ces firmes, la promotion de meilleurs environnement de travail, et la communication sur des récompenses reçues par ces firmes.

 

Les compagnies internationales de l’industrie du tabac utilisent donc activement Twitter pour attaquer les politiques de contrôle qui leur sont imposées, et remodeler leur image publique sous la forme d’acteurs responsables qui promeuvent la santé et le respect de la société. Ces comportements enfreignent les règles promulguées par l’OMS à travers le WHO Framework Convention on Tobacco Control (Convention-Cadre de l’OMS pour la Lutte Anti-Tabac). Les auteurs de l’article estiment donc que l’activité des industriels du tabac sur les réseaux sociaux devrait être beaucoup plus régulée par le législatif, afin de limiter le lobbying permanent de ces firmes contre les politiques de santé sur le contrôle du tabac.

 

Cet article est bien sûr inspirant pour d’autres substances vectrices d’addiction. L’industrie de l’alcool, par exemple, communique largement sur les réseaux sociaux, en promulguant une consommation responsable, synonyme de vie heureuse et de grande santé. Ces messages se mêlent pourtant souvent constante à une incitation à la fête, à travers des publicités associant l’alcool avec des images positives de vacances, de musique, de convivialité, images personnalisées en fonction du public visé, par exemple les jeunes et/ou les femmes. Tout comme l’industrie du tabac, l’industrie de l’alcool lutte farouchement contre des règles extérieures, et promeut l’autorégulation par l’industrie elle-même. Pourtant, une grande partie des bénéfices de l’industrie de l’alcool provient des consommations excessives. Une promotion active et efficace contre l’usage à risque entrainerait donc des pertes substantielles pour ces compagnies, et il est donc peu crédible d’imager qu’elles mettront elles-mêmes en œuvre de telles mesures.

 

Au-delà de l’alcool, cet article incite à la réflexion sur d’autres pratiques et d’autres univers industriels, comme par exemple l’industrie alimentaire ou l’industrie du jeu. Les efforts constants des acteurs de prévention et de santé publique se heurtent, dans ces domaines aussi, à une contre-communication massive et très efficace, d’acteurs beaucoup plus riches, mieux organisés, et très déterminés.

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