Confinement: les usagers de drogues au pied du mur

La rédaction de transversal mag fait le point sur les conséquences du confinement chez les usagers de drogues. Quel a été leur ressenti ? Comment se sont-il approvisionnés ?

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Isolement et détresse psychologique, difficulté à se procurer produits et seringues, sevrages forcés ou abstinences choisies… le confinement mis en place le 17 mars a constitué une période difficile pour les usagers de drogues. « C’est le public qui a payé le plus cher la situation », estime Jean-Pierre Couteron, psychologue addictologue au Csapa [i] du Trait d’Union à Boulogne-Billancourt. Si le bilan reste à établir, les premiers constats reflètent des situations très variables, selon la situation des usagers. « Cela dépend de nombreux facteurs : si la personne est sociabilisée, si elle a un toit et de l’argent, mais aussi selon les produits qu’elle consomme », explique Frédéric Bladou, référent chemsex chez Aides et administrateur de la salle de consommation à moindres risques (SCMR) Gaïa à Paris.

«Cela ne s’est pas très bien passé», estime Pierre Chappard, chef de service du Csapa de Villeneuve-la-Garenne. En particulier pour le cannabis et la cocaïne, dont de nombreux usagers, en particulier ceux vivant loin des centres urbains, ont parfois été soumis à un sevrage forcé. Si certains se sont tournés vers le deepweb pour s’approvisionner, nombreux sont ceux qui ont compensé par l’alcool. « Près de 80% des usagers ont consommé moins que d’habitude », constate Pierre Chappard, au vu des témoignages recueillis sur le site psychoactif.org, qu’il préside. Au risque d’exacerber l’angoisse et la solitude : « nous avons observé beaucoup de décompensations, de pétages de plomb chez des gens qui allaient mal », ajoute-t-il. Autre phénomène observé, le stockage en prévision du confinement, notamment pour le cannabis, qui a pu pousser à la surconsommation.

Quant aux usagers les plus précaires, « la situation a été vraiment tendue, mais on est tout de même parvenu à limiter la casse », tempère Frédéric Bladou. Pour le crack, il n’y a certes pas eu de rupture d’approvisionnement, mais sa qualité a diminué. Surtout, la désertification des rues a rendu la « manche » bien peu rentable : « le peu d’argent qu’ils ont gagné est passé en came ». Ce qui a obligé plusieurs associations, dont la SCMR Gaïa, à prévoir une distribution alimentaire pour les plus vulnérables.

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