Nicolas Cabé, psychiatre addictologue au CHU de Caen et maitre de conférences à l’université de Caen en Normandie partage son regard d’expert autour d’une période qui présente selon lui des risques mais pourrait être favorable à la prévention.
L’été une période à risque ?
Globalement lorsque la période estivale débute tout le monde est sur la même ligne de départ : les activités habituelles et régulières de l’année s’interrompent, l’environnement change, et c’est une période de convivialité et de recherche de fraicheur qui suscite une plus grande incitation à la consommation d’alcool. Pour les patients, c’est aussi une période où les accompagnements et les suivis ont tendance à ralentir (consultations, hôpital de jour, sport sur ordonnance et autres activités…). L’augmentation des consommations augmente le risque de dérapage, et ainsi de déstabilisation (ou d’apparition) d’une addiction. Mais selon les comportements, la personnalité, le contexte et les situations, tous les individus ne sont pas égaux face aux risques.
Des facteurs qui renforcent les risques ?
- Un marketing très offensif en été, en faveur de la consommation d’alcool (bières fraîches, cocktails aromatisés, prémix…), accompagné d’une offre qui explose littéralement durant l’été : bars et terrasses, évènements sociaux, festivals, etc. Tout converge vers le fait de faire consommer de l’alcool en lui donnant une image positive (à la différence peut être du tabac qui a en partie perdu son image de marque).
- Une rupture dans le rythme quotidien et les habitudes, et la perte du cadencement entre semaines et week-ends qui peut laisser plus de place à l’alcool.
- Une période où on a tendance à se relâcher, à baisser la garde, à lâcher prise, en profitant parfois d’un changement d’environnement lié aux vacances.
- Une période synonyme de ralentissement ou de vide au niveau social et culturel, parfois même d’isolement. Les activités s’interrompent, les accompagnements médicaux ralentissent (souvent les hôpitaux de jour ferment par exemple).
- Positive : les vacances estivales permettent d’être plus proches de sa familles, l’environnement change, le stress du quotidien s’apaise, la dépendance psychologique liée au mal être se réduit, et les consommations s’atténuent
- Négative : les vacances aggravent la solitude, notamment pour les personnes les moins insérées ou qui bénéficient d’accompagnements importants de prévention de la rechute qui s’allègent en été. Les consommations risquent de s’envoler.