Des jours meilleurs : un film réalisé par Elsa Bennett et Hippolyte Dard

L’alcoolisme au féminin est un sujet peu abordé au cinéma tant il est tabou. Sorti en salle le 23 avril 2025, Des jours meilleurs vient briser le silence en suivant, avec bienveillance, tendresse et pédagogie, le parcours de Suzanne, contrainte à l’abstinence après avoir perdu la garde de ses 3 enfants.

Alcool
Des jours meilleurs un film réalisé par Elsa Bernett et Hyppolyte Dard

Au milieu du désert, des usages problématiques d’alcool peuvent sembler à des années-lumière. Pourtant, rien n’était et n’est jamais gagné d’avance. Arriver au bout du Rallye des Dunes, ce serait déjà une victoire pour Suzanne, Alice, Diane ou Chantal, quatre femmes parmi d’autres accueillies dans un centre de soins et d’accompagnement pour femmes dépendantes à l’alcool, et engagées alors dans un processus de sevrage.

L’abstinence est la règle ici, comme le rappelle Denis, animateur-éducateur pair qui se donne pour objectif ambitieux d’amener ces femmes dans le désert marocain pour participer à une course automobile. Il donne beaucoup de lui pour leur prouver qu’elles ont la force nécessaire pour se reconstruire, et faire que le regard sur elles change.

Si l’abstinence n’était pas toujours un choix pour toutes ces femmes, elle s’impose ici comme une nécessité pour retrouver le contrôle de soi, de son environnement et de ses rapports aux autres, proches ou moins proches, des rapports souvent dégradés par un usage chronique d’alcool…

C’est Suzanne, une mère de famille alcoolodépendante, que l’on suit en priorité. Elle séjourne ici en obligation de soins pour pouvoir récupérer ses trois enfants dont elle a perdu la garde à la suite d’un accident de voiture, sans gravité heureusement… Elle nous introduit dans ce groupe uniquement féminin et nous permet alors d’entendre la voix de toutes ces femmes souvent invisibilisées, tant le sujet est sensible.

L’usage chronique d’alcool condamne malheureusement trop souvent les femmes à un regard déviant, voire stigmatisant. La douzaine de femmes en sevrage ont chacune bien entendu leur parcours de vie et d’usage d’alcool, avec les bons et les mauvais moments. Les entretiens en face à face avec la psychiatre addictologue, qui les accueille et les accompagne, sont alors autant d’occasions de nous permettre de comprendre comment les boissons alcooliques ont su prendre leur place et s’accrocher en profitant des moments de fragilité de chacune pour remplir cette fonction, légitime, d’anesthésiant de leurs blessures, souffrances et traumatismes…

Ce film nous raconte le sevrage à l’alcool avec beaucoup de bienveillance, de tendresse et de pédagogie. Il nous propose des pas de côté humoristiques, réguliers et d’importance, qui permettent de mettre à distance les difficultés et les jugements hâtifs, et de réorienter le regard sur ces femmes en nous montrant bien plus que les affres d’une addiction, qui n’est que la partie émergée de l’iceberg…

Thibault de Vivies,
DopamineCity.fr

Voir la bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=_Wbb6UdBuHA
En savoir plus sur l’addiction à l’alcool : https://www.addictaide.fr/alcool/