Dormir aide-t-il à mieux contrôler sa consommation d’alcool ?

Si une mauvaise qualité de sommeil et une impulsivité élevée sont deux facteurs associés au mésusage de l’alcool chez les jeunes adultes, aucune étude n’avait jusqu’à ce jour recherché les effets de ces deux variables de manière combinée.

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Si une mauvaise qualité de sommeil et une impulsivité élevée sont deux facteurs associés au mésusage de l’alcool chez les jeunes adultes, aucune étude n’avait jusqu’à ce jour recherché les effets de ces deux variables de manière combinée. Plusieurs chercheurs américains en santé publique ont ainsi cherché à savoir si le lien entre forte impulsivité et consommation d’alcool était différent selon la qualité perçue du sommeil : l’effet de la privation de sommeil sur la consommation d’alcool est-il plus élevé chez les personnes impulsives que chez les personnes non impulsives ?

 

Ces chercheurs ont donc évalué la qualité perçue du sommeil, la consommation d’alcool et l’impulsivité auprès d’une population spécifiques : 568 étudiants dont la particularité était d’avoir été obligés de participer à un programme d’information sur l’alcool, car ils avaient contrevenus aux règles relatives à la possession et consommation d’alcool sur le campus. Pour mesurer l’impulsivité, ces chercheurs ont utilisé l’auto-questionnaire UPPS, qui évalue 4 facettes indépendantes de l’impulsivité : urgence négative (tendance à réagir rapidement et fortement suite à des émotions négatives), recherche de sensations (tendance à rechercher des expériences nouvelles et excitantes), manque de préméditation (tendance à agir avant de penser/réfléchir aux conséquences de ses actes) et manque de persévérance (incapacité à rester concentré sur une tâche pouvant être difficile ou ennuyeuse).

 

De manière attendue, les étudiants consommant le plus d’alcool étaient ceux qui étaient les plus impulsifs pour les dimensions d’urgence, de recherche de sensations et de manque de préméditation, tandis que les dommages liés à l’alcool étaient associés à la dimension d’urgence. Le résultat nouveau qu’apporte ce travail est de mettre en évidence des différences selon la qualité perçue du sommeil : chez les personnes rapportant une bonne qualité de sommeil, la capacité à réfléchir avant d’agir (préméditation) était associée à des consommations moins importantes d’alcool. En revanche, chez les personnes rapportant une mauvaise qualité de sommeil, la capacité à réfléchir avant d’agir (préméditation) n’était pas associée à des consommations différentes d’alcool. D’autre part, l’association entre recherche de sensations, urgence et consommation d’alcool ne différait pas entre les personnes ayant un bon sommeil et celles n’ayant pas un bon sommeil.

En conclusion, ce travail suggère que la capacité à réfléchir avant d’agir (préméditation) semble être un facteur protecteur vis-à-vis de la consommation d’alcool, mais uniquement chez les personnes rapportant une bonne qualité de sommeil. Ce travail ouvre la voie à des pistes de prévention des troubles liés à l’usage de l’alcool et est conforme à l’adage selon lequel « le sommeil est la moitié de la santé ».

 

Par Paul Brunault 

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